78 : Coqueluche

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Objectifs

  • Diagnostiquer une coqueluche
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Physiopathologie

  • Germe : Bordetella pertussis, BGN (rarement, B. parapertussis)
  • Transmission directe aérienne (taux d'attaque toux : 80%)
  • Incubation 7-10 jours
  • Maladie due à une toxi-infection :
    • Multiplication bactérienne sur épithélium trachéobronchique
    • Sécrétion de toxines spécifiques (pertussique, adénylcyclase exocellulaire, hémagglutinine filamenteuse) → nécrose de la muqueuse respiratoire
  • Immunité non-définitive (10 ans), pas de protection immunitaire materno-fœtale

Diagnostic

Clinique

Forme classique du nourrisson

  • Terrain : nourrisson < 1 an non ou incomplètement vaccinés
  • Phase d'invasion ou catarrhale (7-15 j) :
    • Rhinite, éternuements
    • Fébricule
    • Toux progressive, spasmodique, émétisante, à prédominance nocturne, rebelle aux antitussifs
  • Phase d'état = période paroxystique des quintes (4-6 semaines) :
    • Quintes paroxystiques : secousses au cours d'une même inspiration empêchant l'inspiration jusqu'à reprise bruyante = chant du coq, émétisantes, fréquentes
    • Facteurs déclenchant : biberon, mouchage, examen de gorge
    • Signes d'accompagnement : visage cyanosé, bouffi, dilatation veineuse facio-cervicale, purpura pétéchial péri-orbitaire
    • Pas de fièvre, reste de l'examen normal
  • Phase de convalescence :
    • Toux non-quinteuse, spontanée ou provoquée (effort, froid, cris...)
    • Asthénie
    • Dure plusieurs mois
  • Complications :
    • Quintes asphyxiantes, risque de convulsions anoxiques et de mort
    • Apnées syncopales
    • Cardiaques : bradycardie, TdR, arrêt hypoxique
    • Respiratoires : encombrement, atélectasie, surinfection, hypoventilation d'origine centrale
    • Infectieuses : otite suppurée, surinfection bronchopulmonaire, pneumonie de déglutition, pleurésie
    • Nutritionnelle : dénutrition (vomissements, intolérance alimentaire), hypoglycémie, hypocalcémie, hyponatrémie
    • Mécaniques : ulcération du frein de langue, hémorragie conjonctivale, prolapsus, hernie, fracture de côte, pneumothorax, emphysème médiastinal
    • Neurologiques : convulsions, séquelles anoxiques
    • Leucostase (troubles circulatoires)
  • Formes cliniques compliquées :
    • Coqueluche maligne :
      • Détresse respiratoire majeure, tachycardie > 200 bpm, hypoxie réfractaire, défaillance multiviscérale
      • Hyponatrémie, lymphocytose > 50 G/L
      • Pronostic vital menacé
    • Encéphalopathie coquelucheuse : état de mal convulsif, troubles moteurs et sensoriels → 1/3 décès, 1/3 séquelles, 1/3 guérison

Forme de l'enfant

  • Exceptionnelle grâce à la vaccination
  • Forme du nourrisson mais complications rares

Adolescent, adulte, personne âgée

  • Forme atypique sans reprise inspiratoire → bronchite traînante, toux quinteuse
  • Toux > 1 semaines chez l'adulte → rechercher une coqueluche

Paraclinique

  • Hyperleucocytose (15-20 G/L voire plus), lymphocytose
  • Thrombocytose (nourrisson ++)
  • Pas de syndrome inflammatoire
  • Radiographie pulmonaire : opacités péribronchiques périhilaires, atélectasie et emphysème possibles
  • Identification de B. pertussis :
    • Sur mucus au cours d'une quinte ou sécrétions nasopharyngées par aspiration nasale
    • Phase catarrhale +++
    • Culture sur milieu de Bordet-Gengou : antibiogramme, réponse en 4 jours, spécifique +++
    • Ou PCR
  • Sérologie :
    • Ininterprétable si vaccination récente
    • Intérêt si forme atypique/prolongée
    • Ascension des IgG à 15 j

Différentiel

  • Syndrome coquelucheux :
    • Nourrisson : infection à Bordetella bronchiseptica, à adénovirus, à VRS
    • Nouveau-né : pneumopathie à C. trachomatis
  • Toux persistante :
    • Jeune enfant : corps étranger, RGO, allergie, laryngotrachéite infectieuse, infection à mycoplasme ou Chlamydia, TB, mucoviscidose
    • Adulte : infection, tumeur, allergie, médicament, RGO, psychogène

Prise en charge

Thérapeutique

  • Hospitalisation systématique si nourrisson < 3 mois, sinon en cas de complication
  • Antibiothérapie[1] :
    • But : réduction de la période de contagiosité, raccourcissement de la symptomatologie avant les quintes
    • 2 possibilités : azithromycine en 1 prise pendant 3 jours, ou clarithromycine 2 prises pendant 7 jours (si contre-indication aux macrolides : cotrimoxazole)
  • Mesures associées :
    • Kinésithérapie respiratoire de drainage douce avec aspiration des sécrétions
    • ± Oxygénothérapie
    • Surveillance scope, AMBU + O2 en chambre
    • Maintien de l'hydratation et de l'alimentation
    • Contre-indication aux antitussifs/mucolytiques chez le nourrisson
  • Corticothérapie : formes graves uniquement

Préventive

  • Isolement :
    • A l'hôpital comme en ville : chambre individuelle, proscrire le contact avec les nourrissons non- ou incomplètement vaccinés
    • Eviction scolaire
    • Pendant la phase de contagion : 3 semaines sans traitement/5 jours si antibiothérapie
  • Sujets contacts :
    • Eviction des sujets contacts symptomatiques des collectivités
    • ≥ 2 cas dans une collectivité → notification au médecin inspecteur de santé publique du département
    • Antibioprophylaxie :
      • Au plus tard 14 jours après le premier contact
      • Pour tous les membres de la famille quels que soient leur âge et leur statut vaccinal
      • Dans les collectivités : enfants et personnels non à jour dans la vaccination anti-coquelucheuse
      • Mêmes modalités que le traitement curatif
  • Mise à jour du calendrier vaccinal chez les sujets contacts

Vaccination

Sources

  1. Rapport du HCSP 2008 : CAT devant une coqueluche