247 : Hypertrophie bénigne de la prostate

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Objectifs

  • Diagnostiquer une hypertrophie bénigne de la prostate
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Physiopathologie

  • Hypertrophie bénigne de prostate ou adénome prostatique = pathologie strictement bénigne
  • 40% des hommes > 50 ans, 80% des hommes > 70 ans
  • Sous la dépendance des androgènes
  • Prolifération de cellules au niveau de la zone de transition

Diagnostic

Clinique

Interrogatoire

  • Signes fonctionnels urinaires :
    • Evaluables par le score IPSS (autoquestionnaire)
    • Symptômes obstructifs :
      • Syndrome dysurique (phase mictionnelle) :
        • Jet faible ou hésitant
        • Miction par poussée
        • Jet haché
      • Phase post-mictionnelle : résidu postmictionnel
        • Sensation de vidange vésicale incomplète
        • Miction par regorgement
    • Symptômes irritatifs :
      • Observés pendant la phase de remplissage
      • Pallakiurie diurne ou nocturne
      • Urgenturie
  • Autres :
    • Terrain : âge
    • ATCD médico-chirurgicaux, état général
    • ATCD urologiques
    • Traitement actuel (α-stimulants +++)

Examen physique

  • Toucher rectal :
    • Augmentation du volume prostatique
    • Ferme, élastique, non indurée
    • Lisse
    • Régulière
    • Indolore
    • Disparition du sillon médian
    • Appréciation du volume prostatique
    • Eliminer une prosatite (douleur) ou un cancer de prostate (nodule induré)
  • Recherche d'un globe vésical
  • Recherche d'un contact lombaire (hydronéphrose)
  • Examen des organes génitaux externes et du méat urétral (sténose, phimosis)
  • Palpation des orifices herniaires

Paraclinique

  • Le seul complément d'examen systématique recommandé est la bandelette urinaire[1]
  • ECBU :
    • En cas de BU +
    • Ou systématique avant toute intervention urologique
  • Fonction rénale
  • PSA :
    • Aucun intérêt pour le diagnostic, le traitement et le suivi de l'HBP
    • Mais dépistage du cancer de prostate car même terrain (homme de 50 à 74 ans)
  • Examens facultatifs :
    • Echographie de l'appareil urinaire :
      • En cas d'anomalie du bilan initial
      • Exploration des reins, de la vessie et de la prostate
      • Volume de l'HBP (voie endorectale)
      • Retentissement de l'HBP : RPM, diverticules vésicaux, calculs vésicaux, DCPC
    • Débitmétrie :
      • Mesure du débit mictionnel en consultation
      • Permet d'évaluer l'obstruction
      • Réalisée avant une décision thérapeutique ou pour le suivi
      • Ininterprétable si volume < 150 mL
      • Importance du débit maximal : obstruction significative si < 15 mL/s
      • Autres paramètres : volume total, débit moyen, aspect de la courbe, temps mictionnel
    • Bilan urodynamique : uniquement pour les diagnostics difficiles (maladie neurologique, diabète compliqué)
    • Urétrocystoscopie :
      • En cas d'hématurie macroscopique
      • Symptomatologie irritative prédominante
      • Après ECBU

Complications

  • RAU :
    • Imprévisible
    • Impossibilité d'uriner, douleur suspubienne, globe clinique
    • Drainage vésical en urgence
    • Facteurs favorisants : anesthésie, alitement, médicaments (α-stimulants, parasympathicolytiques), fécalome, prostatite
  • Prostatite aiguë :
    • Souvent secondaire à une rétention chronique d'urines infectées
    • Signes généraux, ECBU +, TR douloureux
    • Rechercher une orchi-épididymite associée
    • Si RAU associée → impose cathétérisme sus-pubien
  • Rétention chronique d'urine :
    • RPM > 100 mL
    • Altération de la paroi vésicale : diverticules, vessie de lutte
    • Mictions par regorgement
    • Risque d'urétérohydronéphrose avec insuffisance rénale obstructive
  • Lithiase vésicale :
    • Sur rétention chronique d'urine
    • Risque de RAU et d'hématurie
  • Hématurie :
    • Elminier une autre cause : tumeur de vessie, calcul, cancer du rein ou de la voie excrétrice
    • Bilan complet : cystoscopie, échographie, UIV/uroTDM

Traitement

Médical

  • Uniquement si le patient est gêné
  • Plutôt pour une gêne modérée
  • Privilégier les monothérapies
  • α-bloquants :
    • Relâchement des fibres musculaires lisses du sphincter vésical
    • Ne modifient pas le volume prostatique
    • Effets secondaires :
      • Hypotension orthostatique
      • Malaise, nausées, vertiges, constipation, céphalées
      • Troubles de l'accomodation
      • Ejaculation rétrograde
    • Contre-indications :
      • Hypotension orthostatique
      • Sténoses coronariennes
    • Ex : alfuzosine (Xatral), tamsulosine (Mecir, Josir, Omexel)
  • Inhibiteurs de la 5α-réductase :
    • Bloquent la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone
    • Diminution du volume prostatique
    • Diminution du PSA total de 50%
    • A préférer en cas de volume d'adénome important
    • Principal effet secondaire = dysfonction érectile
    • Ex : finastéride (Chibro-Proscar), dutastéride (Avodart)
  • Phytothérapie :
    • Mécanisme inconnu
    • Pas d'effets secondaires
    • Efficacité non prouvée
    • A préférer en cas de symptomatologie fonctionnelle discrète
    • Ex : pigeum africanum (Tadenan)
  • Anticholinergiques :
    • Parfois efficaces si symptômes irritatifs isolés
    • Effets secondaires : sécheresse buccale, constipation, troubles mnésiques, somnolence
    • Ex : trospium (Céris), solifénacine (Vesicare)

Chirurgical

  • Seul traitement curatif
  • Indications :
    • Echec du traitement médical
    • Complications
    • Préférence du patient
  • Modalités :
    • Sous anesthésie générale ou locorégionale
    • Après ECBU préopératoire stérile
    • Laissent en place la coque prostatique → ne protègent pas du cancer de prostate
    • Analyse anatomopathologique systématique de la pièce d'exérèse
    • Ejaculation rétrograde quasi-systématique
  • Techniques :
    • Adénomectomie chirurgicale :
      • Incision abdominale sus-pubienne
      • Enucléation centrale
      • Impose un sondage vésical ≥ 5 jours
      • Risque d'abcès de paroi et de fistule vésico-pariétale
    • Résection transurétrale de prostate :
      • Intervention endoscopique
      • Uniquement si adénome < 100 g
      • Impose un sondage vésical de 2-3 jours
      • Risque de TURP syndrome : hyponatrémie de dilution par passage systémique de glycocol en cas d'intervention > 1h
    • Autres :
      • LASER
      • Termothérapie (TUNA)

Autres

  • Abstention : gêne modérée, patient non motivé
  • Incision cervicoprostatique :
    • Incision endoscopique du col vésical et de la prostate
    • Diminue l'obstruction de façon transitoire
    • Mais permet de conserver l'éjaculation
    • → Hommes jeunes souhaitant conserver une éjaculation, avec volume prostatique modéré
  • Endoprothèse urétrale :
    • Voie endoscopique
    • Patient en RAU avec faible espérance de vie et chirurgie difficile
  • Sonde vésicale à demeure :
    • Patients non opérables
    • Changement mensuel

Surveillance

  • Rythme annuel
  • Interrogatoire
  • Toucher rectal
  • Score IPSS pour apprécier le retentissement sur la qualité de vie
  • ± Débitmétrie

Sources

  1. Recommandations ANAES 2003 : Prise en charge de l'hypertrophie bénigne de prostate