231 : Compression médullaire non traumatique et syndrome de la queue de cheval

De Wiki ECN
Aller à : navigation, rechercher

Objectifs

  • Diagnostiquer :
    • Une compression médullaire non traumatique
    • Un syndrome de la queue de cheval
  • Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge

Compression médullaire non traumatique

Diagnostic

Clinique

  • Syndrome radiculaire lésionnel :
    • Douleurs radiculaires de topographie constante signalant le dermatome lésionnel, en éclair, par salves déclenchées par la toux, diminuant à l'effort
    • Déficit radiculaire objectif : hypoesthésie en bandes, abolition d'un ROT, déficit moteur avec amyotrophie
    • Détermine le niveau lésionnel
  • Syndrome sous-lésionnel :
    • Troubles moteurs : syndrome pyramidal d'intensité variable = fatigabilité, maladresse, claudication intermittente médullaire ; voire paraplégie/tétraplégie spastique
    • Troubles sensitifs :
      • Paresthésies, signe de Lhermitte
      • Impression de marcher sur du coton
      • Déficit sensitif cordonal postérieur (sensibilité discriminative, proprioception) ou spinothalamique (thermoalgique)
      • Syndrome de Brown-Séquard : souffrance d'une hémimoelle → syndromes cordonal postérieur et pyramidal ipsilatéraux, syndrome spinothalamique controlatéral
    • Troubles sphinctériens : urinaires, sexuels, anorectaux ; tardifs
  • Syndrome rachidien :
    • Douleurs permanentes et fixes, ± localisées, renforcées à l'effort, réveillées à la percussion des épineuses
    • Raideur rachidienne segmentaire
    • Parfois déformation rachidienne segmentaire

Formes particulières

  • Chez l'enfant :
    • Séméiologie comparable mais parfois difficile à mettre en évidence
    • Déformation rachidienne précoce en scoliose ou cyphose avec port de tête guindé
    • A évoquer également en cas de boiterie ou de troubles sphinctériens
    • Parfois tableau d'HTIC
  • Selon le niveau :
    • C1-C4 : quadriplégie spastique, paralysie diaphragmatique (à minima, hoquet)
    • C5-T1 : paraplégie spastique, NCB, signe de Claude-Bernard-Horner ipsilatéral si C8-T1
    • Moelle thoracique : paraplégie, douleurs en ceinture, anesthésie en bande
    • Moelle lombosacrée : paralysie des quadriceps, abolition du réflexe rotulien mais réflexe achilléen vif et Babinski bilatéral + troubles sphinctériens
    • Cône terminal : déficit de flexion de la cuisse sur le bassin, abolition des RCA inférieurs et du réflexe crémastérien, Babinski bilatéral, troubles sphinctériens
  • Selon l'évolution :
    • Imprévisible
    • Souvent lentement progressive
    • Parfois décompensation rapide en quelques heures avec risque d'ischémie médullaire de mauvais pronostic = myélomalacie
    • Risque de décompensation en myélomalacie déclenchée par une PL → contre-indiquée en l'absence d'IRM

Paraclinique

  • IRM injectée :
    • Examen urgent de première intention
    • Diagnostic topographique ++
    • Processus compressif épidural : recherche d'anomalies squelettiques avoisinantes
    • Tumeurs intradurales extramédullaires : masses arrondies ovoïdes
    • Lésions intramédullaires : élargissement du cordon, séméiologie IRM selon étiologie
    • Rapports avec les structures avoisinantes
    • Nature de la lésion (pleine/kystique), orientation étiologique
    • Estimation du risque de souffrance médullaire suraiguë
  • Examens en complément de l'IRM :
    • Radiographies rachidiennes : recherche de modifications osseuses, diamètre antéropostérieur du canal rachidien, recherche de fracture, d'ostéolyse...
    • Myéloscanner : coupes de TDM après injection intradurale de produit de contraste → rapports de la moelle avec les structures (uniquement si CI à l'IRM)
    • Potentiels évoqués (somesthésiques et moteurs) rarement

Etiologie

Causes extradurales

  • Métastases néoplasiques vertébrales compliquées d'une épidurite métastatique (poumon, sein, rein, prostate)
  • Envahissement néoplasique vertébro-épidural d'une hémopathie maligne
  • Tumeurs vertébrales : bénignes (hémangiome, chondrome) ou malignes (sarcome)
  • Myélopathie cervicarthrosique : compression médullaire lente
  • Hernie discale dorsale
  • Spondylodiscite ou épidurites infectieuses, mal de Pott
  • Hématome épidural sous anticoagulant ou après PL

Causes intradurales extramédullaires

  • Tumeurs bénignes :
    • Méningiomes : femmes > 50 ans, troubles de la marche progressifs, localisation thoracique +++
    • Neurinomes : localisation cervicale +++, compression médullaire lente avec syndrome radiculaire marqué, élargissement du trou de conjugaison en radiographie, parfois tumeurs en sablier ; penser à rechercher une NF1
  • Arachnoïdites : réaction inflammatoire leptoméningée engainant la moelle, compliquant une méningite ou une maladie inflammatoire (sarcoïdose ++)

Causes intramédullaires

  • Tumeurs :
    • Ependymomes ou astrocytomes
    • IRM : élargissement de la moelle, effacement des espaces liquidiens périmédullaires, tumeur hyperT2 ± kystique
  • Malformations vasculaires :
    • Cavernome, angiome, fistule artérioveineuse durale
    • Risque hémorragique et ischémique
    • Conduite à tenir dictée par l'artériographie
  • Syringomyélie : cavité intramédullaire, syndrome lésionnel suspendu

Diagnostic différentiel

  • PRN aiguë : paraparésie ou paralysie flasque, ROT abolis, troubles sensitifs, absence de troubles sphinctériens
  • SEP : paraparésie spastique progressive, signes de souffrance médullaire (forme primairement progressive ++)
  • Sclérose latérale amyotrophique : absence de signes sensitifs et sphinctériens, fasciculations et amyotrophie ++
  • Sclérose combinée de la moelle : déficit en B12

Principes de traitement

  • Urgence diagnostique et thérapeutique
  • Risque de paraplégie ou tétraplégie complète et définitive
  • Transfert en urgence en neurochirurgie

Syndrome de la queue de cheval

  • Souffrance des racines de la queue de cheval en-dessous du cône terminal (L2)
  • Urgence neurochirurgicale

Diagnostic

Clinique

  • Atteinte pluriradiculaire lombosacrée
  • Troubles sensitifs : radiculalgie ou douleurs pluriradiculaires uni- ou bilatérale(s), douleurs périnéales, paresthésies, anesthésie en selle
  • Troubles moteurs : mono-/pluriadiculaires, uni-/bilatéraux, du simple déficit d'une fonction (ex : S1 → marche sur les pointes, L5 → marche sur les talons) à la paraplégie flasque amyotrophique
  • Abolition des réflexes : ROT, périnéaux, anaux, bulbocaverneux, clitorido-anaux
  • Troubles génitosphinctériens précoces avec insensibilité du passage urinaire, impuissance

Paraclinique

  • IRM en première intention avec injection (myéloscanner si contre-indication)
  • Diagnostic étiologique :
    • Hernies discales : début brutal douloureux déclenché par un effort, épisodes de lombosciatalgies, hernie exclue
    • Ependymomes du filum terminal : évolution lente, risque d'hémorragie méningée brutale
    • Rarement : neurinomes, méningiomes, métastases, processus infectieux
    • Syndrome du canal lombaire étroit (congénital ou acquis sur hernies étagées ou arthrose évoluée) : claudication radiculaire intermittente douloureuse progressive à l'effort, paresthésies, troubles sphinctériens → EMG

Différentiel

  • Atteinte du cône terminal : séméiologie proche + Babinski, abolition des RCA inférieurs, troubles sensitifs remontant à T12-L1
  • PRN aiguës : absence de troubles sphinctériens
  • Syndromes plexiques lombaires : atteinte néoplasique → visualisés en imagerie