261 : Maladie de Parkinson

De Wiki ECN
(Redirigé depuis Maladie de Parkinson)
Aller à : navigation, rechercher

Objectifs

  • Diagnostiquer une maladie de Parkinson
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
  • Décrire les principes de la prise en charge au long cours

Maladie de Parkinson

  • 150 pour 100'000 habitants, 1,5% de prévalence après 65 ans
  • 2ème cause de handicap moteur du sujet âgé

Physiopathologie

  • Perte progressive des neurones dopaminergiques de la voie nigro-striale (perte > 50% pour installation des premiers signes)
  • Présence de corps de Lewy intraneuronaux
  • Etiologie inconnue

Diagnostic

Signes cliniques révélateurs

  • Triade parkinsonienne unilatérale ou asymétrique :
    • Tremblement de repos : disparaît au mouvement, lent (4-6 Hz), membres, lèvres et menton, aggravé par l'effort mental et l'émotion
    • Rigidité plastique : raideur des extrémités et de la nuque, résistance à la mobilisation passive cédant par à-coups, sensibilisation par la manœuvre de Froment
    • Akinésie (ou bradykinésie) : gêne à l'écriture (micrographie), troubles de la marche, hypomimie, ralentissement des gestes alternatifs rapides, perte du ballant du bras
  • Parfois signes annonciateurs : déficit de l'odorat, troubles du comportement en sommeil paradoxal, constipation
  • Signes non-moteurs : troubles cognitifs/comportementaux, dépression, douleurs, dysautonomie, troubles du sommeil

Démarche diagnostique

  • Authentifier le syndrome parkinsonien : tremblement de repos caractéristique, asymétrie, absence d'autres anomalies
  • Rechercher un facteur iatrogénique explicatif : neuroleptiques (et neuroleptiques cachés)
  • Recherche de drapeaux rouges :
    • Absence de réponse prolongée au traitement dopaminergique
    • Progression rapide avec chutes précoces
    • Atteinte cognitive précoce
    • Atteinte pseudobulbaire ou dysautonomique
    • Syndrome cérébelleux ou pyramidal
    • Troubles oculomoteurs
  • Le diagnostic est clinique, pas d'examen complémentaire sauf :
    • Présence de drapeaux rouges, âge < 40 ans
    • IRM cérébrale + bilan du cuivre (exclure une maladie de Wilson)
    • DAT-scan en cas de tremblement mixte d'attitude, d'action et de repos
  • Confirmation clinique : réduction des signes moteurs à l'instauration du traitement dopaminergique

Evolution

  • 4 phases :
    • Phase diagnostique
    • Phase du bon contrôle moteur sous traitement (lune de miel)
    • Phase des complications motrices du traitement dopaminergique :
      • Fluctuations d'efficacité du traitement : akinésie de fin de dose, akinésie de nuit et du petit matin, phénomènes on/off
      • Mouvements involontaires : dyskinésies de pic de dose, dyskinésies biphasiques (lors de la transition en début et fin de dose)
    • Phase du déclin moteur et cognitif non-sensible au traitement dopaminergique :
      • Signes moteurs axiaux : dysarthrie, dysphagie, troubles de la marche (freezing, festination), troubles de la posture (camptocormie), chutes en arrière
      • Troubles cognitifs et comportementaux : syndrome dysexécutif, démence, hallucinations iatrogènes
      • Dysautonomie : hypersialorrhée, constipation, hypotension artérielle orthostatique, troubles vésico-sphinctériens

Traitement

Initial

  • Traitements disponibles :
    • L-DOPA : précurseur de la dopamine, associé à un inhibiteur de la DDC périphérique pour prévenir les effets secondaires périphériques
    • Agonistes dopaminergiques :
      • Molécules : pramipéxole, ropinirole, rotigotine, piribédil
      • Action directe sur les récepteurs dopaminergiques
      • Risque de trouble du contrôle des impulsions : jeu pathologique , troubles alimentaires, hypersexualité, achats compulsifs... → avertir le patient
    • Inhibiteurs de la monoamine oxydase B (IMAO-B, rasagiline) : action dopaminergique par inhibition de la dégradation de la dopamine
  • Indications :
    • Avant 65-70 ans :
      • 1ère intention : agonistes dopaminergiques en monothérapie ou IMAO-B
      • Si contrôle insatisfaisant : augmenter les doses ou associer agonistes DA + IMAO-B ou L-DOPA
      • Coprescription systématique de dompéridone pour prévenir les nausées/vomissements
      • Rarement, anticholinergiques chez les patients jeunes avec tremblement malgré traitement dopaminergique bien conduit
    • Après 65-70 ans :
      • L-DOPA d'emblée, seule ou avec IMAO-B
      • Si contrôle insatisfaisant : augmentation des doses ou association à un IMAO-B
      • Coprescription de dompéridone

Stades avancés

  • En cas de fluctuations motrices :
    • Fractionnement de la L-DOPA
    • Agoniste dopaminergique si L-DOPA seule
    • Injection d'apomorphine par stylo
    • Association à un ICOMT (diminue le métabolisme périphérique) ou IMAO-B
  • En cas de dyskinésies :
    • Réduction des posologies de L-DOPA si milieu de dose
    • Adjonction d'amantadine (antidyskinétique)
  • Troubles moteurs sévères non-contrôlés :
    • Stimulation du noyau sous-thalamique ou du pallidum interne à haute fréquence (patient < 70 ans, traitement bien conduit inefficace)
    • Pompe à apomorphine en sous-cutané continu
    • L-DOPA intra-duodénale
  • Prise en charge des complications non-motrices :
    • Hallucinations/délire : suppression progressive des autres traitements que la L-DOPA, clozapine
    • Démence : anticholinestérasique
    • Dépression : antidépresseur
    • Dysautonomie : mesures hygiénodiététiques, anticholinergiques pour les urgenturies
    • Troubles du sommeil : sédatifs (clonazépam si troubles du comportement en sommeil paradoxal)

Mesures associées

  • ALD
  • Orthophonie précoce
  • Kinésithérapie : apprentissage d'une gymnastique quotidienne, travail de l'équilibre postural
  • Association de patient

Autres syndromes parkinsoniens

Iatrogènes

  • Neuroleptiques et neuroleptiques cachés (métoclopramide, alimémazine)
  • Inhibiteurs calciques type flunarizine, rarement certains antidépresseurs
  • Caractéristiques cliniques :
    • Syndrome parkinsonien plutôt symétrique
    • Souvent, tremblement postural ou d'action
    • Absence de réponse au traitement dopaminergique
  • Traitement :
    • Arrêt du neuroleptique si possible
    • Possibilité de substitution par la clozapine : peu d'effets secondaires extra-pyramidaux mais risque d'agranulocytose

Syndromes parkinsoniens atypiques

  • Absence de réponse au traitement dopaminergique
  • Progression rapide
  • Atrophie multisystématisée :
    • Syndrome parkinsonien asymétrique
    • Syndrome cérébelleux
    • Syndrome dysautonomique
    • Syndrome pyramidal
  • Paralysie supra-nucléaire progressive :
    • Syndrome parkinsonien axial et symétrique
    • Paralysie oculomotrice verticale
    • Troubles de l'équilibre postural, chutes
    • Troubles cognitifs précoces
  • Dégénérescence cortico-basale :
    • Syndrome parkinsonien asymétrique, myoclonies, dystonies distales
    • Signes corticaux : apraxie, aphasie, troubles sensitifs
  • Démence à corps de Lewy :
    • Syndrome parkinsonien asymétrique
    • Troubles cognitifs et démence précoces, hallucinations spontanées, fluctuations de la vigilance
    • Hypersensibilité aux neuroleptiques

Syndromes parkinsoniens vasculaires

  • Lésions vasculaires multiples des NGC
  • Diagnostic par imagerie cérébrale
  • Cliniquement :
    • Syndrome parkinsonien symétrique peu sensible à la dopamine
    • Troubles prédominant aux membres inférieurs
    • Syndrome pseudobulbaire

Autres

  • Intoxications : monoxyde de carbone, manganèse

Maladie de Wilson

  • Maladie rare, autosomique récessive (gène ATPB7 du chromosome 7)
  • Lésions secondaires à l'accumulation de cuivre libre (d'abord dans le foie puis systémique)

Diagnostic

  • Systématiquement évoqué devant un syndrome parkinsonien avant 40 ans
  • Signes cliniques cardinaux :
    • Atteinte hépatique : HMG, hépatite aiguë, cirrhose
    • Troubles neurologiques : syndrome parkinsonien, tremblement postural et intentionnel, dystonie faciale, troubles cérébelleux
    • Troubles psychiatriques : changement du comportement, altération des performances
    • Rarement, hémolyse, atteinte rénale/ostéoarticulaire/cardiaque
  • Démarche diagnostique :
    • Bilan hépatique
    • Anomalies du bilan du cuivre : céruléoplasmine effondrée, diminution du cuivre sérique total (mais ↑ Cu libre), cuprurie des 24h augmentée
    • Troubles neuropsychiatriques
    • Anneau de Kayser-Fleischer (LAF)
    • IRM cérébrale : hypersignaux FLAIR des NGC ou du cervelet
    • Diagnostic moléculaire après consentement éclairé

Traitement

  • Chélateur : D-pénicillamine
  • Réduction de l'absorption intestinale de cuivre par acétate de zinc après stabilisation clinique (traitement à vie)
  • Transplantation hépatique si hépatite fulminante
  • ALD, conseil génétique