56 : Ostéoporose

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Objectifs

  • Diagnostiquer une ostéoporose
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Physiopathologie

  • Maladie généralisée du squelette avec densité osseuse basse et altérations de la microarchitecture osseuse
  • → Fragilité osseuse → risque élevé de fracture
  • Maladie fréquente : ostéoporose densitométrique = 40% des femmes à 65 ans, 70% après 80 ans
  • 3 sites fracturaires :
    • Extrémité supérieure du fémur : 50'000 /an
    • Poignet : 35'000 /an
    • Fracture vertébrale : 50'000/an
  • Excès de morbidité et de mortalité : surmortalité de 20% dans l'année suivant une FESF

Densitométrie osseuse

  • Méthode de référence pour la mesure = absorptiométrie biphotonique aux rayons X (DXA) sur 2 sites (rachis lombaire et hanche)
  • Interprétation :
    • Avant la ménopause : Z-score (nombre d'écarts-types entre la valeur du sujet et la valeur moyenne des adultes du même âge et du même sexe)
    • Après la ménopause : T-score (nombre d'ET entre le sujet et la moyenne des adultes jeunes de même sexe)
T-score Interprétation
≥ -1 Normal
-1 > T-score > -2,5 Ostéopénie
T-score ≤ -2,5 Ostéoporose
  • Diminution physiologique de la densité osseuse avec l'avancée en âge (après pic de masse osseuse entre 20 et 30 ans)
  • Diminution accélérée par la ménopause
  • 2 facteurs de développement d'une ostéoporose :
    • Pic de masse osseuse faible
    • Perte osseuse accrue à l'âge adulte

Causes

  • Perte osseuse physiologique n'entraîne pas de fragilité osseuse accrue
  • Carence estrogénique : arrêt brutal à la ménopause → ↑ résorption et du remodelage → ↓ DMO
  • Carence androgénique :
    • Physiologiquement, diminution progressive et lente → pas de fragilité osseuse
    • Mais si hypogonadisme → fragilité
  • Hyperparathyroïdie secondaire par carence en vitamine D
  • Héritabilité du pic de masse osseuse
  • Manque d'activité physique régulière en charge lors de la croissance

Facteurs de risque

  • Diminution de la DMO
  • ATCD personnel de fracture ostéoporotique
  • Age (vieillissement)
  • Survenue de chutes : ↓ acuité visuelle, pathologiques neuromusculaires/orthopédiques
  • ATCD familial de FESF au premier degré
  • Corticothérapie prolongée
  • Maigreur
  • Tabagisme
  • Polypathologie
  • Hyperthyroïdie
  • Polyarthrite rhumatoïde
  • Cancer du sein

Diagnostic

Tableau clinique évocateur

  • Fractures ostéoporotiques :
    • Fractures par insuffisance osseuse
    • Traumatisme mineur
    • Poignet : fracture de Pouteau-Colles, vers 60 ans
    • Vertèbres :
      • Fracture (ou tassement) vers 70 ans
      • Souvent asymptomatique ou simple lombalgies d'horaire mécanique durant 4 à 6 semaines
      • → Radiographies devant tout tableau suspect ou en cas de perte de taille significative
    • Extrémité supérieure du fémur, vers 80 ans
  • Recherche de facteurs de risque : interrogatoire, examen physique
  • Estimation du risque fracturaire : score FRAX
== Indications de la densitométrie osseuse[1]
  1. Recommandations HAS 2006 : Prévention, diagnostic et traitement de l'ostéoporose - Synthèse ==
    • Dans la population générale :
      • En cas de signe d'ostéoporose :
        • Diagnostic radiologique de fracture vertébrale hors contexte traumatique ou tumoral
        • ATCD personnel de fracture périphérique sans traumatisme majeur sauf : crâne, orteils, doigts, rachis cervical
      • En cas de pathologie ou traitement inducteurs d'ostéoporose :
        • Corticothérapie systémique ≥ 3 mois consécutifs, dose > 7,5 mg/jour d’équivalent prednisone
        • Hyperthyroïdie évolutive non traitée
        • Hypercorticisme
        • Hyperparathyroïdie primitive
        • Ostéogenèse imparfaite
        • Hypogonadisme prolongé (dont orchidectomie ou traitement au long cours par GnRH)
    • Chez la femme ménopausée :
      • ATCD familial de FESF au 1er degré hors contexte traumatique
      • IMC < 19 kg/m²
      • Ménopause avant 40 ans

    Examens complémentaires

    • Buts :
      • Rechercher une ostéoporose secondaire
      • Eliminer une autre cause de fragilité osseuse

    Imagerie

    • Radiographies standard : déminéralisation homogène sans signe d'ostéolyse
    • Fracture vertébrale suspecte :
      • Topographie : fracture au-dessus de la 5ème vertèbre thoracique
      • Ostéolyse
      • Atteinte du mur vertébral postérieur ou de l'arc postérieur (pédicules)
    • En cas de doute : IRM pour éliminer une cause tumorale

    Biologie

    • Eliminer une autre cause :
      • Hémogramme
      • Electrophorèse des protéines sériques
      • CRP
      • Bilan phosphocalcique : calcémie, calciurie des 24h, phosphorémie, vitamine D3
      • Fonction rénale
    • Rechercher une ostéoporose secondaire, dans un second temps :
      • Cause endocrinienne : PTH, TSH, cortisol libre urinaire, CSS, testostérone chez l'homme
      • Malabsorption intestinale (maladie cœliaque ++) : anticorps anti-transglutaminases + IgA totales
      • Mastocytose

    Différentiel

    • Myélome multiple
    • Métastase vertébrale d'une tumeur solide
    • Ostéomalacie : carence en vitamine D +++

    Prise en charge

    Mesures hygiéno-diététiques

    • Toujours indiquées, également en prévention
    • Assurer les apports en calcium (1 g/j) et vitamine D
    • Activité physique régulière en charge
    • Arrêt du tabac et de l'alcool

    Anti-ostéoporotiques

    Médicaments

    • Biphosphonates :
      • Molécules : Alendronate (1 prise orale par semaine), Risédronate (1 prise orale par semaine), ibandronate (1 prise orale mensuelle ou 1 injection IV tous les 3 mois)
      • Action : ↓ remodelage osseux, ↑ DMO, ↓ incidence des fractures
      • Contre-indication : ATCD œsophagite pour la prise orale
      • Règles d'administration : prise le matin à jeun avec un verre d'eau du robinet, à distance de toute prise alimentaire, ne pas se coucher dans les 30 minutes qui suivent
    • Raloxifène :
      • Classe des SERM (modulateurs sélectifs du récepteur aux œstrogènes)
      • Contre-indication : ATCD thrombo-embolique
      • Efficace uniquement sur les fractures vertébrales
    • Tériparatide :
      • Fragment recombinant de la PTH, stimule la formation osseuse
      • Traitement ostéoformateur
      • 1 injection SC/j pendant 18 mois
      • Contre-indications : hypercalcémie, maladies métaboliques osseuses, ↑ inexpliquée des PAL, ATCD de radiothérapie ou de tumeur/métastase osseuse
    • Ranélate de strontium :
      • Stimule la formation osseuse et freine la résorption
      • Induit un surrisque thrombo-embolique

    Indications

    • En cas de fracture :
      • Vertébrale :
        • Traitement dès que T-score < -1
        • Biphosphonate, raloxifène (si âge < 70) et ranélate de strontium
        • Tériparatide si au moins 2 fractures vertébrales avérées
      • FESF :
        • Traitement dès que T-score < -1
        • Biphosphonate ou ranélate de strontium (ou tériparatide si 2 fractures vertébrales en plus)
      • Fracture périphérique :
        • Traitement si T-score < -2 et contexte clinique d'ostéoporose (femme ménopausée avec facteur de risque)
        • Biphosphonate ou ranélate de strontium
    • En l'absence de fracture :
      • Ostéopénie : mesures hygiéno-diététiques
      • Traitement médicamenteux si T < -3 ou -2,5 avec autres facteurs de risque fracturaire
    • Au cours d'une corticothérapie :
      • Supplémentation clacique et vitamine D
      • Mesure de DMO en début de traitement
      • Biphosphonate si T-score < -1,5

    Prévention des chutes

    • Pathologies neurodégénératives : Parkinson ++
    • Traitements antihypertenseurs, sédatifs
    • Troubles visuels (cataracte ++)
    • Mauvais chaussage
    • Obstacles dans l'habitat

    Sources

    1. Recommandations HAS 2006 : Prévention, diagnostic et traitement de l'ostéoporose - Synthèse ==
      • Dans la population générale :
        • En cas de signe d'ostéoporose :
          • Diagnostic radiologique de fracture vertébrale hors contexte traumatique ou tumoral
          • ATCD personnel de fracture périphérique sans traumatisme majeur sauf : crâne, orteils, doigts, rachis cervical
        • En cas de pathologie ou traitement inducteurs d'ostéoporose :
          • Corticothérapie systémique ≥ 3 mois consécutifs, dose > 7,5 mg/jour d’équivalent prednisone
          • Hyperthyroïdie évolutive non traitée
          • Hypercorticisme
          • Hyperparathyroïdie primitive
          • Ostéogenèse imparfaite
          • Hypogonadisme prolongé (dont orchidectomie ou traitement au long cours par GnRH)
      • Chez la femme ménopausée :
        • ATCD familial de FESF au 1er degré hors contexte traumatique
        • IMC < 19 kg/m²
        • Ménopause avant 40 ans

      Examens complémentaires

      • Buts :
        • Rechercher une ostéoporose secondaire
        • Eliminer une autre cause de fragilité osseuse

      Imagerie

      • Radiographies standard : déminéralisation homogène sans signe d'ostéolyse
      • Fracture vertébrale suspecte :
        • Topographie : fracture au-dessus de la 5ème vertèbre thoracique
        • Ostéolyse
        • Atteinte du mur vertébral postérieur ou de l'arc postérieur (pédicules)
      • En cas de doute : IRM pour éliminer une cause tumorale

      Biologie

      • Eliminer une autre cause :
        • Hémogramme
        • Electrophorèse des protéines sériques
        • CRP
        • Bilan phosphocalcique : calcémie, calciurie des 24h, phosphorémie, vitamine D3
        • Fonction rénale
      • Rechercher une ostéoporose secondaire, dans un second temps :
        • Cause endocrinienne : PTH, TSH, cortisol libre urinaire, CSS, testostérone chez l'homme
        • Malabsorption intestinale (maladie cœliaque ++) : anticorps anti-transglutaminases + IgA totales
        • Mastocytose

      Différentiel

      • Myélome multiple
      • Métastase vertébrale d'une tumeur solide
      • Ostéomalacie : carence en vitamine D +++

      Prise en charge

      Mesures hygiéno-diététiques

      • Toujours indiquées, également en prévention
      • Assurer les apports en calcium (1 g/j) et vitamine D
      • Activité physique régulière en charge
      • Arrêt du tabac et de l'alcool

      Anti-ostéoporotiques

      Médicaments

      • Biphosphonates :
        • Molécules : Alendronate (1 prise orale par semaine), Risédronate (1 prise orale par semaine), ibandronate (1 prise orale mensuelle ou 1 injection IV tous les 3 mois)
        • Action : ↓ remodelage osseux, ↑ DMO, ↓ incidence des fractures
        • Contre-indication : ATCD œsophagite pour la prise orale
        • Règles d'administration : prise le matin à jeun avec un verre d'eau du robinet, à distance de toute prise alimentaire, ne pas se coucher dans les 30 minutes qui suivent
      • Raloxifène :
        • Classe des SERM (modulateurs sélectifs du récepteur aux œstrogènes)
        • Contre-indication : ATCD thrombo-embolique
        • Efficace uniquement sur les fractures vertébrales
      • Tériparatide :
        • Fragment recombinant de la PTH, stimule la formation osseuse
        • Traitement ostéoformateur
        • 1 injection SC/j pendant 18 mois
        • Contre-indications : hypercalcémie, maladies métaboliques osseuses, ↑ inexpliquée des PAL, ATCD de radiothérapie ou de tumeur/métastase osseuse
      • Ranélate de strontium :
        • Stimule la formation osseuse et freine la résorption
        • Induit un surrisque thrombo-embolique

      Indications

      • En cas de fracture :
        • Vertébrale :
          • Traitement dès que T-score < -1
          • Biphosphonate, raloxifène (si âge < 70) et ranélate de strontium
          • Tériparatide si au moins 2 fractures vertébrales avérées
        • FESF :
          • Traitement dès que T-score < -1
          • Biphosphonate ou ranélate de strontium (ou tériparatide si 2 fractures vertébrales en plus)
        • Fracture périphérique :
          • Traitement si T-score < -2 et contexte clinique d'ostéoporose (femme ménopausée avec facteur de risque)
          • Biphosphonate ou ranélate de strontium
      • En l'absence de fracture :
        • Ostéopénie : mesures hygiéno-diététiques
        • Traitement médicamenteux si T < -3 ou -2,5 avec autres facteurs de risque fracturaire
      • Au cours d'une corticothérapie :
        • Supplémentation clacique et vitamine D
        • Mesure de DMO en début de traitement
        • Biphosphonate si T-score < -1,5

      Prévention des chutes

      • Pathologies neurodégénératives : Parkinson ++
      • Traitements antihypertenseurs, sédatifs
      • Troubles visuels (cataracte ++)
      • Mauvais chaussage
      • Obstacles dans l'habitat

      Sources

      <references/>