55 : Ménopause et andropause
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Objectifs
- Diagnostiquer la ménopause et ses conséquences pathologiques
- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi d’une femme ménopausée
- Diagnostiquer une andropause pathologique
Périménopause
- Durée d'environ 10 ans
- Epuisement progressif du capital folliculaire ovarien → baisse de la sensibilité aux gonadotrophines → augmentation de la sécrétion de gonadotrophines
- Diminution de la sécrétion de progestérone → insuffisance lutéale → hyperœstrogénie relative
- Diminution progressive de sécrétion d'estradiol → dysovulation puis anovulation
Clinique
- Conséquences de l'hyperestrogénie relative
- Perturbations du cycle menstruel : cycles irréguliers, spanioménorrhée ou cycles courts
- Métrorragies et/ou ménorragies
- Apparition ou aggravation d'un syndrome prémenstruel avec prise de poids, mastodynies, ballonnement abdominal, troubles psychiques
Prise en charge
- Avant tout, éliminer des méno/métrorragies organiques → recherche d'un cancer de l'endomètre par échographie pelvienne + hystéroscopie diagnostique avec biopsies au moindre doute
- Traitement étiologique = progestatifs → 3 possibilités :
- Progestatifs oraux du 15ème au 25ème jour du cycle (type Lutényl car pas d'activité androgénique) pour réduire l'hyperplasie endométriale responsable des métrorragies
- Progestatifs oraux du 5ème au 25ème jour du cycle si un effet contraceptif est souhaité
- DIU à la progestérone (Miréna) pour avoir un effet contraceptif et sur les métrorragies
Ménopause
- Arrêt définitif du fonctionnement ovarien avec aménorrhée secondaire et anovulation
- Epuisement physiologique du capital folliculaire entre 45 et 55 ans
Diagnostic
Clinique
- Aménorrhée secondaire : Ménopause affirmée si aménorrhée d'au moins 12 mois chez une femme d'âge compatible
- ± Syndrome climatérique : Traduction clinique de la carence estrogénique
- Bouffées de chaleur (70%) : sensation de chaleur intense, brutale, rougeurs de la face et du tronc, sueurs profuses, principalement nocturnes
- Troubles neuropsychologiques : troubles de l'humeur, irritabilité, anxiété, asthénie, insomnie
- Prise de poids
- Troubles sexuels : ↓ libido, sécheresse vaginale
- Rechercher une contre-indication à un traitement hormonal substitutif : ATCD de cancer du sein, ATCD thrombo-embolique
- Examen général et gynécologique complet avec examen des seins, FCU
- Insuffisance ovarienne précoce :
- "Ménopause" survenant avant 40 ans
- Origine génétique (ATCD familiaux +++), iatrogène (ovariectomie, radiothérapie pelvienne, chimiothérapie), auto-immune
Paraclinique
Périménopause | Ménopause confirmée | |
---|---|---|
FSH | ↑ | ↑↑↑ |
LH | N | ↑ |
Estradiol | ↓ | ↓↓↓ |
- Facultatif puisque le diagnostic de ménopause est clinique
- Bilan hormonal :
- FSH, LH et estradiol
- Indications : doute diagnostique (hystérectomie, COP), suspicion d'insuffisance ovarienne précoce (< 40 ans)
- Penser au dépistage du cancer du sein
Conséquences à long terme
- Vulve et vagin : atrophie et sécheresse (→ dyspareunies), acidification du pH et disparition de la flore de Döderlein → sensibilité aux infections
- Urinaires : incontinence urinaire d'effort ± trouble de la statique pelvienne
- Utérines : atrophie utérine et endométriale
- Seins : involution adipeuse
- Prise de poids avec redistribution de la masse de type androïde
- Cardio-vasculaires : perte de la "protection vasculaire féminine" → risque rejoint progressivement celui des hommes du même âge
- Ostéo-articulaires : accélération de la déminéralisation osseuse → risque de'ostéoporose, touchant d'abord l'os trabéculaire (vertèbres et poignets) puis cortical (fémur) → risque fracturaire
- Poils et cheveux : cheveux cassants, développement d'une pilosité de type androgénique, diminution de la pilosité axillaire et pubienne
- Cutanées : amincissement cutané et perte d'élasticité
- Neuropsychiques : diminutions des performances cognitives, troubles psychiques (anxiété, insomnie, irritabilité), troubles sexuels (baisse de la libido et dyspareunies)
Prise en charge
Traitement hormonal substitutif[1]
- Indication : traitement des troubles du climatère jugés gênants par la patiente (ostéoporose n'est pas une indication)
- Bilan préthérapeutique :
- Examen clinique complet (seins, FdRCV)
- Glycémie à jeun
- Cholestérol total, HDL et triglycérides
- Mammographie bilatérale
- Contre-indications :
- Antécédents de cancer du sein ou de l'endomètre, et de cancer de l'ovaire
- Antécédent d'accident thrombo-embolique, artériel ou veineux
- Risque cardiovasculaire élevé
- Insuffisance hépatique sévère
- Modalités de prescription :
- Durée limitée à 5 ans maximum
- 1 œstrogène naturel par voie orale, percutanée (crème) ou transcutanée (patch) + 1 progestatif par voie orale ou en patch
- Informer la patiente de l'augmentation du risque de cancer du sein (RR = 1,2) s'il est pris plus de 5 ans
- 2 schémas :
- Schéma séquentiel avec « règles » : œstrogène du premier au 25ème jour du mois + progestatif du 14ème au 25ème jour du mois, hémorragies de privation en fin de mois
- Schéma continu : œstrogène + progestatif en continu
- Chez la femme hystérectomisée → pas besoin de progestatif (qui sert à prévenir le cancer de l'endomètre dû à la prise d'’œstrogène)
- Surveillance : tolérance, efficacité
- Examen gynécologique et cardiovasculaire +++
- Signes de surdosage : tension mammaire, règles abondantes, nausées, prise de poids
- Aucune surveillance paraclinique systématique recommandée
- Inciter régulièrement au dépistage du cancer du sein
- Réévaluation annuelle de l'utilité du traitement avec possibilité de fenêtre thérapeutique
Alternatives
- Bouffées de chaleur :
- Tibolone (Livial) : efficacité sur le syndrome climatérique, amélioration de la libido et de la sécheresse vaginale
- Phyto-œstrogènes : effets inconstants sur les bouffées de chaleur
- β-alanine (Abufene) : effet très inconstant...
- Veralipride (Agréal) : efficace mais neuroleptique → mêmes effets secondaire, et prescription limitée à 3 mois
- Dyspareunies : œstrogènes par voie vaginale (Colpotrophine) ayant un effet trophique
- Ostéoporose : voir item dédié
Andropause
- Ou DALA : Déficit Androgénique Lié à l'Age
- Syndrome clinique associé à l'avancée en âge : altération de la qualité de vie et de la fonction de certains organes
- Secondaire à une diminution anormale et constante des androgènes sériques
Diagnostic
Clinique
- Asthénie, diminution des performances professionnelles et physiques, difficultés de concentration
- Troubles psychologiques : irritabilité, humeur dépressive, troubles du sommeil
- Troubles sexuels : ↓ libido, dysfonction érectile, ↓ taille des testicules, gynécomastie
- Troubles trophiques : perte des caractères sexuels secondaires, ↓ masse musculaire, ↑ masse grasse, ↓ pilosité faciale pubienne et axillaire, amincissement cutané
- Ostéoporose : ↓ masse minérale osseuse (moins marquée que chez la femme)
- Anémie normochrome normocytaire
Paraclinique
- Diagnostic posé par le dosage de la testostérone sérique, prélèvement sanguin à jeun entre 8h et 10h du matin
- Diagnostic probable si testostéronémie < 2 ng/mL
- Entre 2 et 3 ng/mL, 4 possibilités :
- Baisse partielle liée à l'âge
- Maladie chronique ou prise médicamenteuse
- Prélèvement effectué au nadir de la sécrétion → deuxième prélèvement
- hypogonadisme débutant
- Importance de la testostérone biodisponible : dosage de la testostérone totale, de la SHBG (Sex Hormones Binding Globulin) et de l'albumine
- Affirmer l'origine périphérique du déficit → dosage FSH et LH lors du 2ème prélèvement de confirmation → élévation de la LH +++
- Dosage de la prolactine : si LH normale
Diagnostics différentiels
- Autres insuffisances testiculaires (infectieuses, traumatiques, torsion de testicule, iatrogène, congénitale)
- Hypogonadisme hypogonadotrope par atteinte hypothalamohypophysaire
Prise en charge
- Androgénothérapie : testostérone naturelle per os, IM ou transdermique. Efficacité inconstante et modeste
- Indication : patient demandeur d'une prise en charge, correctement informé, avec taux de testostérone bas et après avoir élimité une cause organique
- Contre-indications :
- Cancer de la prostate ou du sein, connu ou suspecté
- ATCD de perversion ou de crime sexuel
- Contre-indications temporaires à prendre en charge avant d'instituer le traitement : polyglobulie, HBP symptomatique, apnées du sommeil
- Bilan préthérapeutique :
- Urologique : évaluation des troubles mictionnels, examen de la prostate, proposer le dépistage individuel du cancer de la prostate
- Biologique : bilan lipidique, bilan hépatique, TSH
- Effets secondaires : prise de poids, œdèmes, acné, dysurie, augmentation de la libido, priapisme, polyglobulie, hypercalcémie, excitation motrice, irritabilité, apnée du sommeil
- Surveillance : à 3, 6 et 12 mois puis annuelle
- Efficacité ressentie par le patient
- Contrôle de la prostate, des seins, de l'hématocrite, du PSA
- Surveillance initiale de la testostéronémie pour adapter les doses
- Mesures associées : activité physique, arrêt du tabac, lutte contre la carence vitaminocalcique