88 : Infections génitales de la femme, leucorrhées

De Wiki ECN
Aller à : navigation, rechercher

Objectifs

  • Diagnostiquer une infection génitale de la femme
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi de la patiente

Infections génitales hautes[1]

  • Infections génitales hautes (IGH) = endométrites, salpingites, abcès tubo-ovarien, pelvi-péritonite d'origine génitale (endocervicites exclues)
  • Facteurs de risque : femme jeune, DIU, précocité des premiers rapports, bas niveau socio-économique, partenaires multiples, ATCD d'IST
  • 85% de transmission sexuelle, 15% d'origine iatrogène

Diagnostic

Critères majeurs

  • Diagnostic peu probable si absents
  • Douleur pelvienne spontanée (non-expliquée par une autre cause)
  • Et :
    • Douleur annexielle provoquée
    • Et/ou douleur à la mobilisation utérine
  • Présence des critères majeurs suffit à indiquer un traitement

Critères additifs

  • Augmentent la probabilité

Cliniques

  • Terrain : ATCD d'IST, contexte de post-partum ou de manœuvre endo-utérine récente,
  • Anamnèse : Métrorragies, syndrome rectal (ténesme, épreinte)
  • Clinique : T°c > 38°C, leucorrhée purulente

Paracliniques

  • Biologiques :
    • hCG pour éliminer une grossesse
    • Syndrome inflammatoire (NFS et CRP)
    • Microbiologie :
      • Prélèvement vaginal
        • Recherche de leucocytes altérés, de trichomonase
        • PCR Chlamydiae trachomatis, Neisseria gonorrhoeae et Mycoplasma genitalium
      • Prélèvement d'endocol après désinfection de l'exocol
    • Biopsie d'endomètre en cas de doute diagnostique et dans les formes mineures → recherche de polynucléaires
    • Pas d'intérêt de la sérologie C. trachomatis
    • Penser aux co-infections : sérologies HIV, HBV, HCV, syphilis
  • Morphologiques :
    • Echographie pelvienne systématique :
      • Pour le diagnostic positif : épaississement pariétal tubaire > 5 mm, signe de la roue dentée, masse hétérogène latéro-utérine
      • Pour éliminer une forme compliquée : abcès tubo-ovarien
      • Pour le diagnostic différentiel
    • TDM abdomino-pelvienne en cas de doute clinique et échographique (IRM en seconde intention)
  • Cœlioscopie diagnostique :
    • Non-recommandée en 1ère intention si IGH non-compliquée
    • Examen de référence si le doute persiste après l'imagerie
    • Avec prélèvements microbiologiques tubo-péritonéaux

Prise en charge

IGH non-compliquée

  • But : préservation de la fertilité
  • Prise en charge ambulatoire
  • Biantibiothérapie orale probabiliste sans attendre les résultats microbiologiques : fluoroquinolone (Ofloxacine 2×/j) + imidazolé (Metronidazole 2×/j) pendant 14 jours
  • Si recherche de gonocoque positive (ou contexte de forte suspicion) → ajout d'1 injection de C3G IM (Ceftriaxone)
  • Consultation de contrôle à 3-5 jours → observance, efficacité, tolérance
  • Si IGH sur DIU → retrait du DIU avec analyse microbiologique
  • Dépistage et traitement du(des) partenaire(s) (voir item 89)

Abcès tubo-ovarien

  • Antibiothérapie parentérale probabiliste large spectre : C3G (Ceftriaxone) + imidazolé (Métronidazole) + cycline (Doxycycline) IV 21 jours
  • Obligatoirement associée à un drainage, par cœlioscopie ou radiologie interventionnelle
  • Prise en charge chirurgicale dans les formes graves

Mesures associées

  • Information sur les IST et leur prévention
  • Pas de contrôle biologique sauf infection à N. gonorrhoeae ou C. trachomatis pour éliminer une recontamination à 3 mois
  • Pas d'échographie de contrôle sauf points d'appels cliniques de complications/séquelles
  • Recommander l'utilisation d'un préservatif

Complications

Aiguës

  • Syndrome de Fitz-Hugh-Curtis :
    • Périhépatite, tableau clinique de colique hépatique infectieuse (douleur en HCD + fièvre)
    • Dû à C. trachomatis le plus souvent, parfois N. gonorrhoeae
    • Diagnostic :
      • Syndrome inflammatoire mais bilan hépatique souvent normal
      • Echographie hépatique normale
      • Diagnostic cœlioscopique : mise en évidence d'adhérences inter-hépato-diaphragmatiques en corde de violon
  • Abcès pelviens : pyosalpinx, abcès tubo-ovarien, abcès du Douglas
  • Pelvi-péritonite aiguë

Tardives

  • Stérilité tubaire
  • GEU
  • Récidive
  • Salpingite chronique avec adhérences tubo-pelviennes
  • Algies pelviennes chroniques mal expliquées
  • Avortements spontanés précoces

Leucorrhée

Type de leucorrhée Ecoulement Signes fonctionnels Variations au cours du cycle Signes chez le partenaire Résultats du prélèvement vaginal
Physiologique Blanc, inodore Aucun Oui (préovulatoire +++) Aucun PNN rares, flore de Döderlein abondante
Pathologique Aspect anormal à préciser Prurit vulvaire, brûlure, dyspareunie, SFU Non Parfois : urétrite, balanite PNN altérés nombreux, flore rare, germe spécifique

Démarche diagnostique

  • Préciser :
    • Le contexte : changement de partenaire, partenaires multiples, traitement médical en cours, geste invasif endo-utérin
    • Caractéristiques de la leucorrhée : abondance, aspect, odeur
    • Signes cliniques associés : fièvre, prurit, dyspareunie, douleur, SFU
  • T°c, recherche de vulvite, spéculum, TV
  • Prélèvements vaginaux :
    • Examen extemporané à la recherche de PNN et de Trichomonas (voire filaments mycéliens)
    • Test à la potasse (sniff test) → odeur de poisson pourri si Gardnerella vaginalis
    • Examen bactériologique avec culture

Etiologie

Vulvo-vaginite à Candida albicans

  • Facteurs de risque :
    • Modifications hormonales : grossesse, ménopause
    • Pathologie générale : diabète, immunosuppression, hyperthyroïdie
    • Traitement : antibiothérapie, corticothérapie, POP, progestatif
    • Hygiène locale inadaptée : toilettes excessives, antiseptiques locaux
    • Macération locale : pantalons serrés, sous-vêtements synthétiques, piscine
  • Clinique :
    • Leucorrhée blanchâtre grumeleuse inodore
    • Prurit et brûlures vulvaires, dyspareunies
    • Vulvo-vaginite clinique
    • Pas de prélèvement sauf doute diagnostique ou mycose récidivante
  • Traitement :
    • Antifongique : ovule à libération prolongée (Monazol) + pommade vulvaire (Monazol) pendant 10 jours
    • Mesures associées :
      • Toilette au savon alcalin ou neutre, pas de toilette vaginale
      • Lutte contre les facteurs de risque
      • Traitement du partenaire si symptomatique ou mycose récidivante
    • Mycose récidivante ≥ 4 épisodes/an → traitement du partenaire + décontamination digestive (Amphotéricine B) + traitement systémique minute per os 1cp/mois pendant 3 mois

Infections sexuellement transmissibles

Vulvo-vaginites

  • Parasitaire :
    • Germe : Trichomonas vaginalis
    • Facteurs favorisants : alcalinisation du milieu vaginal, hypoestrogénie
    • Clinique : leucorrhée verdâtre, nauséabonde et bulleuse + vulvo-vaginite + cervicite avec piqueté hémorragique
    • Extemporané → protozoaire flagellé mobile
    • Traitement : local par ovules de métronidazole (1/j pendant 10 jours) + savon acide + traitement systématique du partenaire
  • Bactérienne
    • Germes : Streptocoque, S. aureus, E. coli
    • Symptomatologie variable
    • Diagnostic par PV + mise en culture

Cervicite

  • Risque principal = extension vers le haut appareil
  • C. trachomatis : portage asymptomatique fréquent, mise en évidence par PCR sur prélèvement d'endocol ou urinaire
  • Gonocoque : portage au niveau cervical est considéré comme normal, mais prise en charge si leucorrhée
  • Toute cervico-vaginite nécessite un traitement initial actif sur Chlamydia et gonocoque : Ceftriaxone IM + azithromycine 1g per os en doses uniques

Infections génitales hautes

Gardnerella vaginalis

  • BGN faisant partie de la flore vaginale physiologique mais pouvant devenir pathogène = vaginose bactérienne
  • Diagnostic : leucorrhée abondante, grisâtre et nauséabonde
  • Examens complémentaires :
    • Test à la potasse positif
    • Présence pathognomonique de clue cells à l'examen extemportané
  • Traitement : Secnidazole (Secnol) per os monodose

Sources

  1. Recommandations CNGOF 2012 : Infections génitales hautes