38 : Puberté normale et pathologique

De Wiki ECN
Aller à : navigation, rechercher

Objectifs

  • Expliquer les étapes du développement pubertaire normal, physique et psychologique
  • Dépister une avance ou un retard pubertaire

Puberté normale

  • Transition entre enfance et âge adulte
  • Transformations physiques :
    • Acquisition des caractères sexuels secondaires
    • Accélération de la croissance staturale
    • Acquisition des fonctions de reproduction
  • Transformations psychiques : autonomie et différenciation
  • Transformations mentales : développement de la pensée opératoire formelle
  • Développement affectif : comportements sociaux et sexuels

Mécanismes hormonaux

  • Développement pubertaire sous contrôle neuro-endocrinien
  • Facteurs influençants : génétique, ethnie, nutrition, conditions socio-économiques, facteurs médicaux
  • Déclenchement de la puberté = réactivation de l'axe hypothalamo-hypophyso-gonadique et tissus cibles périphériques
  • Hypothalamus : GnRH pulsatile → Antéhypophyse : LH et FSH → Gonades : stéroïdes sexuels
  • Rôle des surrénales dans la pilosité sexuelle (androgènes surrénaliens)
  • Action stimulatrice des hormones sexuelles sur l'axe somatotrope → croissance staturale accélérée

Caractères sexuels secondaires

  • Fille (en moyenne 11 ans) :
    • Développement du bourgeon mammaire (= début de la puberté, N = 8 - 13 ans)
    • Développement de la pilosité pubienne puis axillaire
    • Modifications des OGE : horizontalisation de la vulve, ↑ volume des lèvres
    • Ménarche (N = 10 - 15 ans)
  • Garçon (en moyenne 12 ans) :
    • Augmentation du volume testiculaire (> 4 mL, N = 9 - 14 ans)
    • Développement de la pilosité pubienne puis axillaire
    • Modification des OGE : ↑ taille de la verge
    • Modification de la voix
    • Gynécomastie transitoire modérée fréquente
  • Classification de Tanner :
    • Développement mammaire (S) chez la fille : 1 (absence) à 5 (aspect adulte)
    • Développement des OGE (G) chez le garçon : 1 (taille infantile) à 5 (aspect adulte)
    • Pilosité pubienne (P) : 1 (absence) à 5 (triangulaire chez la femme, losangique chez l'homme)

Croissance staturale

  • Accélération de la vitesse de croissance : avec les premiers signes pubertaires chez la fille, en décalé chez le garçon
Sexe Vitesse de croissance Croissance totale Taille finale moyenne
Fille 5 à 8 cm/an 23 à 25 cm 165 cm
Garçon 5 à 10 cm/an 25 à 28 cm 178 cm

Maturation osseuse

  • Evaluation par âge osseux :
    • Radiographie main et poignet gauche de face
    • Comparaison à un atlas de référence
    • Apparition du sésamoïde du pouce = démarrage pubertaire : 11 ans F/13 ans G
    • Cartilages de conjugaisons soudés : 15 ans F/17 ans G

Avance pubertaire

  • Signes de puberté avant :
    • 8 ans chez la fille
    • 9 ans chez le garçon
  • Distinguer puberté précoce centrale, périphérique ou isolée (extrême de la normale)

Démarche diagnostique

Clinique

  • Interrogatoire :
    • ATCD familiaux : âge de début pubertaire parents/fratrie, taille des parents
    • ATCD personnels : irradiation cérébrale, neurofibromatose type 1, âge d'apparition des premiers signes pubertaires
    • Courbes de croissance (T, P, PC), recherche d'une accélération
    • Signes fonctionnels :
      • Nycturie, polyuro-polydipsie, signes visuels, HTIC
      • Retentissement psychologique
  • Examen physique :
    • Cotation du stade de Tanner : développement mammaire, volume testiculaire, pilosité pubienne
    • Recherche de syndrome dysmorphique
    • Examen des OGE
    • Recherche de taches cutanées : café-au-lait (NF1) ou chamois à bord effrangé (McCune-Albright)
    • Recherche de signes d'hyperandrogénie chez la fille : acné, hirsutisme, hypertrophie clitoridienne

Paraclinique

  • Dosages hormonaux :
    • Stéroïdes sexuels (estradiol/testostérone) : diagnostic positif
    • Gonadotrophines (LH, FSH) à l'état basal et après stimulation : distinction cause centrale (LH haute) ou périphérique (indosables)
    • Bilan d'hyperandrogénie chez la fille :
      • Sulfate de DHEA, testostérone, Δ4-androstènedione, 17-OH-Progrestérone
      • Test au Synacthène
  • Examens morphologiques :
    • Age osseux
    • Echographie pelvienne chez la fille : degré d'imprégnation estrogénique, éliminer un processus ovarien
    • Imagerie selon orientation :
      • Centrale → IRM hypothalamo-hypophysaire
      • Périphérique → imagerie surrénalienne et ovarienne

Etiologie

Pubertés précoces centrales

  • Apparition précoce et strictement isosexuelle des caractères sexuels secondaires avec accélération de la vitesse de croissance
  • Développement pubertaire harmonieux
  • Stéroïdes sexuels élevés, LH basale élevée et pic de LH > FSH après stimulation
  • Imagerie cérébrale systématique
  • Causes :
    • Processus expansif intracrânien : tumoral (gliome du chiasma, hamartome) ou non (hydrocéphalie, kyste arachnoïdien)
    • Origine séquellaire : méningite, encéphalite, irradiation, traumatisme
    • Maladie générale : neurofibromatose 1, sclérose tubéreuse de Bourneville
    • Idiopathique

Pubertés précoces périphériques

  • Provient des gonades ou des surrénales
  • Développement pubertaire peut être isosexuel ou contrasexuel (hyperandrogénie chez la fille, gynécomastie chez le garçon)
  • Le volume testiculaire peut rester infantile par absence de gonadotrophines
  • Stéroïdes sexuels élevés, LH et FSH indosables
  • Imagerie gonadique et surrénalienne + dosage 17-OHP
  • Causes :
    • Puberté isosexuelle :
      • Autonomie ovarienne/testiculaire : syndrome de McCune-Albright, kyste ovarien, tumeur ovarienne ou testiculaire, testotoxicose
      • Tumeur sécrétant de l'hCG
      • Causes surrénaliennes chez le garçon : hyperplasie par bloc enzymatique (21-hydroxylase ++), tumeur surrénalienne sécrétante
    • Puberté contrasexuelle :
      • Tumeurs gonadiques : tumeur ovarienne/testiculaire produisant des androgènes/estrogènes
      • Causes surrénaliennes chez la fille

Avances pubertaires isolées

  • Extrêmes de la normale
  • Apparition précoce d'un caractère sexuel secondaire sans accélération de croissance ou d'avance d'âge osseux
  • Nosologie :
    • Développement mammaire isolé : prémature thélarche
    • Pilosité pubienne isolée : prémature pubarche
    • Métrorragies isolées : prémature ménarche
  • Eliminer une avance pubertaire pathologique :
    • Thélarche → cause centrale
    • Pubarche → cause surrénalienne
    • Ménarche → corps étranger, tumeur

Retard pubertaire

  • Garçon : absence d'augmentation du volume testiculaire après 14 ans
  • Fille : absence de développement mammaire après 13 ans
  • 2 sexes : absence de puberté complète 4 ans après les premiers signes pubertaires

Démarche diagnostique

Clinique

  • Interrogatoire :
    • ATCD familiaux : âge début pubertaire des parents/fratrie, taille des parents
    • ATCD personnels : maladie chronique, irradiation, cryptorchidie, micropénis
    • Courbes de croissance : ralentissement de la croissance staturale
    • Signes évocateurs de tumeur intracrânienne :
      • Céphalées, troubles visuels, HTIC
      • Atteinte des autres axes : frilosité, asthénie, polyuro-polydipsie
      • Anosmie (Kallmann-DeMorsier)
    • Signes fonctionnels :
      • Anorexie, douleurs abdominales, troubles du transit
      • Signes de maladie chronique
      • Retentissement psychologique
  • Examen physique :
    • Stade de Tanner
    • Aspect morphologique : syndrome dysmorphique (phénotype turnérien ++), cryptorchidie, micropénis
    • Recherche d'une cause : maladie chronique, examen neurologique, état nutritionnel

Paraclinique

  • Dosages hormonaux :
    • Stéroïdes sexuels (estradiol/testostérone) : diagnostic positif
    • Gonadotrophines (FSH, LH) : origine centrale (basses) ou périphérique (élevées)
    • Seconde intention : inhibine B et test de stimulation à la GnRH (valeur basse et réponse faible si hypogonadisme hypogonadotrope, normaux si retard simple)
    • Autres axes hypophysaires : TSH, FT4, IGF-1, PRL
  • Imagerie :
    • Age osseux : impubérisme pathologique si AO > 11 (F)/13 (G) ans
    • Examens selon orientation :
      • Hypogonadisme hypogonadotrope : IRM hypophysaire
      • Hypogonadisme hypergonadotrope : caryotype standard

Etiologie

Hypogonadisme hypogonadotrope

  • Stéroïdes sexuels bas
  • Gonadotrophines basses (mais possible également dans le retard pubertaire simple)
  • Recherche de signes cliniques de tumeur hypophysaire ou maladie chronique
  • Imagerie cérébrale systématique
  • Causes :
    • Organiques :
      • Tumeur de la région hypophysaire : craniopharyngiome, adénome à PRL
      • Panhypopituitarisme : lésion de la tige pituitaire
      • Déficit gonadotrope isolé congénital : syndrome de Kallmann
      • Syndromes polymalformatifs : Prader-Willi, Laurence-Moon-Biedl
      • Séquellaire : irradiation/traumatisme crâniens
    • Fonctionnelles :
      • Malnutrition : malabsorption, anorexie mentale
      • Maladies chroniques : mucoviscidose, insuffisance rénale
      • Endocrinopathie : hypothyroïdie, hypercorticisme
      • Sport intensif (fille)

Hypogonadisme hypergonadotrope

  • Recueil des ATCD gonadiques
  • Recherche de syndrome dysmorphique
  • Stéroïdes sexuels bas, gonadotrophines élevées
  • Caryotype standard systématique
  • Causes :
    • Chromosomiques :
      • Fille : syndrome de Turner
      • Garçon : syndrome de Klinefelter (47 XXY, gynécomastie, morphologie eunuchoïde, pilosité normale, testicules non-développés, infertilité)
    • Gonadiques :
      • Dysgénésie gonadique
      • Séquellaire : chimiothérapie, irradiation, cryptorchidie opérée

Retard pubertaire simple

  • Le plus fréquent chez le garçon, diagnostic d'élimination
  • Même présentation que l'hypogonadisme hypogonadotrope
  • Signes d'orientation :
    • ATCD familiaux de puberté tardive
    • Infléchissement statural progressif < 1 DS
    • Retard d'âge osseux (< 13 (G)/11 (F))
    • Pas de signes de tumeur intracrânienne ou de maladie chronique
  • Dosages de 2ème intention : inhibine B, stimulation par LHRH
  • Importance du suivi (affirmera définitivement le diagnostic)
  • Bon pronostic