265 : Neuropathie périphérique

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Objectif

  • Diagnostiquer une neuropathie périphérique

Diagnostic positif

Clinique

  • Signes moteurs :
    • Paralysie ou parésie, volontaire, réflexe et automatique, flasque, hypotonique
    • Amyotrophie retardée (3 semaines)
    • Fasciculations spontanées et provoquées à la percussion
    • Abolition des ROT
  • Signes sensitifs précoces :
    • Subjectifs : paresthésies, dysesthésies, douleurs, crampes au repos, topographie radiculaire ou tronculaire
    • Objectifs : sensibilité superficielle (épicritique, thermoalgique), proprioceptive (pallesthésie, ataxie, Romberg)
  • Signes neurovégétatifs : vasomoteurs (œdème/cyanose), trophiques, des phanères, hypotension orthostatique, impuissance, incontinence urinaire
  • Synthèse :
    • Atteinte des grosses fibres myélinisées : troubles proprioceptifs et signes moteurs
    • Atteinte des petites fibres amyéliniques : troubles thermoalgiques et neurovégétatifs

Paraclinique

  • Electrophysiologie neuromusculaire (ENMG) :
    • Confirme la nature neurogène
    • Electromyogramme (détection) :
      • Caractérise l'atteinte neurogène : potentiels de fibrillation au repos, appauvrissement en unités motrices, accélération de la fréquence des potentiels individualisés
      • Indication topographique : tronculaire, radiculaire, diffuse...
      • Elimine une atteinte myogène
    • Mesure des vitesses de conduction (stimulo-détection) :
      • Neuropathies démyélinisantes : ralentissement des vitesses de conduction, allongement des latences distales et de l'onde F, dispersion des PA, blocs de conduction moteur
      • Neuropathies axonales : vitesses normales, baisse d'amplitude du PA de la réponse motrice et/ou sensitive
      • Neuronopathie sensitive : abolition diffuse du potentiel d'action sensitif, paramètres moteurs normaux
      • Neuronopathie motrice : baisse d'amplitude du PA moteur, paramètres sensitifs normaux
  • Liquide cérébrospinal : hyperprotéinorachie isolée si PRN, diabète, affection (para)néoplasique ou hématologique
  • Biopsie neuromusculaire :
    • En cas de suspicion de vascularite, de doute diagnostique en l'absence de cause retrouvée, ou devant une PRNC démyélinisante
    • PRN inflammatoire démyélinisante chronique (CIDP) : lésions inflammatoires et démyélinisation/remyélinisation
    • Vascularite : occlusion artérielle
    • Dépôts d'amylose

Diagnostic différentiel

  • Paralysies centrales : spastiques, non amyotrophiantes
  • Atteintes myogènes : atteinte motrice pure, abolition de la réponse idiomusculaire, CPK élevées

Diagnostic étiologique

  • Classification électroclinique :
    • Mononeuropathie
    • Mononeuropathie multiple
    • Polyneuropathie : atteinte de toutes les fibres nerveuses, longueur-dépendante, à prédominance sensitive
    • Polyradiculoneuropathie : atteinte de l'ensemble des racines nerveuses sensitives et motrices, symétrique, avec composante maximale, aréflexie diffuse (aiguë ou chronique)
    • Neuronopathie : atteinte du corps cellulaire du neurone → sensitives ou motrices
  • Bilan diagnostique de base :
    • Clinique : recherche de forme familiale, de prise médicamenteuse
    • ENMG
    • Parfois LCS
    • Biologie : hémogramme, VS/CRP, glycémie à jeun et HGPO, ionogramme, calcémie, BH, TP TCA, EPPS

Polyneuropathies axonales longueur-dépendantes

  • Débute au pied puis évolue en remontant, touche les genoux en même temps que les mains

Clinique

  • Troubles sensitifs initiaux des extrémités (paresthésies, dysesthésies), ataxie
  • Troubles moteurs : difficultés à la marche initialement, fatigabilité, steppage, crampes fréquentes
  • Troubles végétatifs : hypotension orthostatique, troubles vésico-sphinctériens, sexuels, digestifs
  • A l'examen physique, atteinte symétrique à prédominance distale surtout aux MI, abolition des ROT, amyotrophie, déficit sensitif et atteinte végétative
  • Démarche étiologique dépend :
    • De l'âge : enfant = rare et héréditaire, adulte = nombreuses causes, souvent pas de cause retrouvée chez la personne âgée
    • De l'origine : lèpre, amylose portugaise
    • Des circonstances : maladie générale (diabète, IRC), médicaments, piqûre d'insecte
    • Du mode d'installation (aigu/subaigu/chronique)

Causes

  • Polyneuropathie diabétique :
    • Une des plus fréquentes
    • Mécanismes multiples : facteurs vasculaires (perméabilité), facteurs métaboliques et immunologiques
    • Apparition 5 à 10 ans après le début
    • Forme la plus fréquente = polyneuropathie sensitivomotrice distale ± dysautonomie :
      • Paresthésies initiales, aréflexie achilléenne, hypoesthésie thermoalgique en chaussette, douleurs à type de broiement
      • Manifestations dysautonomiques : troubles cardiovasculaires, digestifs, génito-urinaires
    • Neuropathie motrice proximale : amyotrophie subaiguë, faiblesse musculaire proximale des membres inférieurs, douleurs
    • Neuropathies focales et multifocales : nerfs crâniens, atteinte des membres, atteinte du nerf fémoral fréquente (douleurs à recrudescence nocturne, amyotrophie quadricipitale, abolition du réflexe rotulien)
    • Neuropathies du tronc : douleurs dans la poitrine ou l'abdomen
    • Traitement = équilibre glycémique et traitement symptomatique
  • Causes toxiques :
    • Médicaments +++ : vincristine, platines, chloroquine, métronidazole, thalidomide, amiodarone, isoniazide, furanes, antirétroviraux
    • Le plus souvent, atteintes sensitives
    • Possibilité de dépistage en ENMG
    • Causes toxiques : benzène ++
  • Polyneuropathie toxique alcoolique :
    • Par toxicité directe de l'alcool parfois associée à une carence en vitamine B1 ou en folates
    • Installation insidieuse lentement progressive, paresthésies à type de fourmillements, crampes nocturnes des mollets, fatigabilité à la marche
    • Après quelques années d'évolution, douleurs en étau/brûlures, hyperpathie douloureuse, troubles cutanés (dépilation, anhidrose)
    • A l'examen, hypoesthésie symétrique en chaussette des différentes sensibilités, aréflexie achilléenne, amyotrophie et déficit moteur de la loge antéro-externe de jambe
    • ENMG : anomalies précoces axonales
    • Traitement = vitamines parentérales (B1 ++), sevrage alcoolique, régime riche en protéines
    • Autres formes cliniques : polyneuropathie aiguë avec paraparésie flasque et troubles sensitifs, forme ulcéromutilante avec MPP, formes purement motrices
  • Amylose :
    • Primitive (mutation de la transthyrétine) ou secondaire (gammapathie)
    • A rechercher en cas de polyneuropathie axonale à prédominance dysautonomique + syndrome du canal carpien
    • Diagnostic : ATCD familiaux, BGSA/BGPO/biopsie anale, biopsie de nerf sensitif, recherche de mutation du gène de la transthyrétine
  • Vascularite
  • Causes infectieuses : HIV (phase tardive)

Polyneuropathies démyélinisantes

  • Neuropathies à IgM monoclonale anti-MAG :
    • Age > 50 ans
    • Ataxie, tremblement des mains
    • Evolution lentement progressive
    • ENMG : polyneuropathie démyélinisante à prédominance distale
    • Biologie : IgM monoclonale à taux faible en général
    • Présence d'anticorps anti-MAG
    • Parfois dans un syndrome POEMS (Polyneuropathy, Organomegaly, Endocrinopathy, Monoclonal component, Skin changes)
  • Neuropathies héréditaires :
    • Polyneuropathie sensitivomotrice de Charcot-Marie-Tooth : atrophie fibulaire, pieds creux, atteinte sensitivomotrice
    • Formes démyélinisantes autosomiques dominantes

Neuronopathies sensitives

  • Dégénérescence des neurones sensitifs dans la racine postérieure des nerfs sensitifs
  • Atteintes asymétriques, non-systématisées en termes de tronc ou de racine
  • Diagnostic :
    • Atteinte sensitive pure clinique
    • Atteinte sensitive pure à l'ENMG : abolition diffuse des potentiels sensitifs, pas d'anomalie des potentiels moteurs
    • LCS : hyperprotéinorachie (mais < 1 g/L), pléiocytose en faveur d'une origine paranéoplasique
    • Immunologie : anticorps anti-Hu si syndrome paranéoplasique
  • Causes :
    • CBP à petites cellules
    • Syndrome de Gougerot-Sjögren
    • Origine dysimmunitaire sans cause
    • Sels de platine

Mononeuropathies multiples

  • Clinique :
    • Installation aiguë ou subaiguë
    • Douleurs, paresthésies pénibles, déficit sensitif puis moteur avec amyotrophie
    • Evolution extensive et confluente, tardivement tableau de polyneuropathie
    • Atteinte des membres prédominante, atteinte des nerfs crâniens plutôt évocatrice de diabète
    • Importance du contexte général pour le diagnostic étiologique
  • ENMG : atteinte pluritronculaire axonale avec parfois anomalies infraclinique, permet de guider une biopsie
  • Biologie : NFS, VS, CRP, protéinurie 24h, sérologies HBV HCV HIV, facteur rhumatoïde, complément, cryoglobulinémie, anticorps antinucléaires, anti-ADN, anti-SSA/SSB, anti-SM, ANCA
  • Biopsie neuromusculaire = examen clef pour une vascularite :
    • Sur le nerf sensitif le plus atteint (branche musculocutanée du nerf fibulaire ++)
    • Vascularite nécrosante avec nécrose fibrinoïde et infiltrat inflammatoire de la paroi des artères
  • Causes :
    • Vascularites : périartérite noueuse, polyarthrite rhumatoïde, Churg et Strauss, Gougerot-Sjögren, LED, HIV, cryoglobulinémie, Wegener, paranéoplasique
    • Diabète
    • Lèpre (cause la plus fréquente dans le monde)