257 : Lésions péri-articulaires et ligamentaires du genou, de la cheville et de l’épaule. Lésions méniscales du genou

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Objectifs

  • Diagnostiquer une lésion péri-articulaire et/ou ligamentaire de l’épaule
  • Diagnostiquer une lésion ligamentaire et/ou méniscale du genou
  • Diagnostiquer une lésion ligamentaire de la cheville
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Epaule

Lésions péri-articulaires

Fracture de la clavicule

Physiopathologie

  • Terrain : adulte jeune et sportif
  • Mécanismes :
    • Traumatisme indirect par chute sur le moignon de l'épaule (sport ++)
    • Traumatisme direct rare par choc violent sur la clavicule (agression, AVP)
  • Fragment proximal a tendance à être ascensionné par le sterno-cléido-mastoïdien, et fragment distal tombe sous le poids du membre et sous l'action du deltoïde
  • Classification selon siège du trait de fracture : 75% dans le 1/3 moyen ++

Diagnostic

  • Clinique :
    • Anamnèse :
      • Terrain : adulte jeune, sexe masculin, sportif
      • Mécanisme lésionnel, craquement
      • Douleur de l'épaule
      • Impotence fonctionnelle totale de l'épaule
    • Examen physique :
      • Bilatéral et comparatif sur patient dévêtu
      • Attitude des traumatisés du membre supérieur
      • Abaissement du moignon de l'épaule
      • Saillie de l'extrémité distale du fragment médial
      • Œdème et ecchymose masquant les signes cliniques
      • Douleur exquise à la palpation du foyer de fracture
      • Mobilité anormale
      • Mobilité de l'articulation scapulo-humérale conservée
    • Recherche de lésions associées :
      • Cutanées : ecchymoses, effractions +++
      • Vasculaires : palpation des pouls, recherche d'un hématome expansif
      • Neurologiques : examen du membre
      • Pulmonaires : PNO par embrochage
      • Osseuses : syndrome scapulo-cléido-thoracique (lésions de la scapula et des 7 1ères côtes) si polytraumatisme
  • Radiographie standard :
    • Défilé claviculaire, épaule face + profil, profil de la scapula de Lamy, thorax de face
    • Diagnostic positif : trait de fracture, 1/3 concerné, oblique en bas, en arrière et en dedans, recherche de fragments multiples
    • Bilan des lésions associées : PNO +++, autres fractures

Pronostic

  • Consolidation en 6 semaines
  • Complications à court-moyen terme :
    • Nécrose cutanée en regard de la saillie du fragment
    • Déplacement secondaire
  • Complications à long terme :
    • Cals vicieux hypertrophiques : gêne principalement esthétique
    • Algodystrophie
    • Pseudarthrose (fractures du 1/4 externe ++)

Prise en charge

  • Traitement orthopédique :
    • 1ère intention
    • Echarpe coude au corps (fracture non déplacée) ou rétropulsion par anneaux en 8 de Zimmer (fractures déplacées)
    • Durée : au moins 3 semaines, jusqu'à cal osseux radiologique
    • Surveillance hebdomadaire :
      • Clinique : tolérance, état cutané, examen neurologique et vasculaire
      • Radiologique : défilé claviculaire à J8, J21, J45
    • Analgésie
    • Arrêt de travail
    • Rééducation active précoce pour lutter contre l'enraidissement
  • Traitement chirurgical :
    • En urgence si : fracture compliquée, fracture bilatérale (polytraumatisé), fracture du 1/4 externe
    • Secondairement si pseudarthrose
    • Ostéosynthèse à foyer fermé : embrochage percutané
    • Ostéosynthèse à foyer ouvert : plaque vissée ++

Fracture de l'extrémité supérieure de l'humérus

Physiopathologie

  • Concerne les traits de fractures situés au-dessus du bord inférieur de l'insertion du grand pectoral
  • Fractures souvent métaphysaires, en os vascularisé → pseudarthrose rare
  • 2ème fracture du membre supérieur après la FEIR
  • Terrain : femme âgée ostéoporotique
  • Mécanismes :
    • Traumatiques : le plus souvent traumatisme indirect par chute sur la paume de la main ou sur le coude (rarement traumatisme violent direct sur l'épaule)
    • Atraumatiques : fractures pathologiques (tumeur osseuse, métastase)
  • Classification de Duparc :
    • Fractures extra-articulaires (80%) : sous-tubérositaires +++ et/ou tubérositaires
    • Fractures articulaires (20%) : céphalique vraie (col anatomique, rare), céphalo-tubérositaire (col anatomique + fracture tubérositaire)
  • Classification de Neer = selon le nombre de fragments :
    • Neer II
    • Neer III : diaphyse + col anatomique + 1 tubérosité
    • Neer IV : diaphyse + col anatomique + 2 tubérosités

Diagnostic

  • Clinique :
    • Anamnèse :
      • Terrain : adulte âgé, ostéoporose, sexe féminin
      • Mécanisme lésionnel indirect évocateur, craquement contemporain
      • Douleur
      • Impotence fonctionnelle
    • Examen physique :
      • Attitude des traumatisés du membre supérieur
      • Déformation de face : coup de hache externe, abduction irréductible, ecchymose thoraco-brachiale
      • Déformation de profil : élargissement antéropostérieur de l'épaule, raccourcissement du bras
      • Point douloureux exquis à la palpation de l'ESH
      • Absence de luxation
    • Recherche de lésions associées :
      • Vasculaires : palpation des pouls distaux, recherche d'hématome axillaire expansif
      • Neurologiques : lésion du nerf circonflexe +++ (sensibilité externe du moignon, contraction du deltoïde), plexus brachial, nerf radial
      • Musculo-tendineuses : rupture de la coiffe des rotateurs
      • Cutanées : rares +++
      • Ostéo-articulaires : luxation gléno-humérale +++
  • Radiographies :
    • Face + profil de Lamy
    • Diagnostic positif : trait de fracture, déplacements, nombre de segments
    • Bilan des lésions associées : luxation gléno-humérale +++
  • TDM si doute sur radiographies
  • Bilan pré-opératoire

Pronostic

  • Consolidation en 6 semaines
  • Complications :
    • Court terme :
      • Lésion vasculaire
      • Lésion nerveuse
      • Lésion de la coiffe des rotateurs
      • Lésions ostéo-articulaires associées
    • Moyen terme :
      • Déplacement secondaire +++
      • Infection ostéo-articulaire (rare)
    • Long terme :
      • Raideur d'épaule : fréquente, gênante → prévention par rééducation précoce
      • Douleurs résiduelles isolées
      • Algodystrophie
      • Cals vicieux, mal tolérés si articulaires
      • Ostéonécrose aseptique de la tête humérale en cas de fracture céphalique (douleurs d'horaire mécanique, enraidissement ; diagnostic en IRM)
      • Arthrose gléno-humérale (omarthrose)
      • Pseudarthrose (col anatomique ++)

Prise en charge

  • Traitement fonctionnel :
    • Rééducation débutée immédiatement, éventuellement après immobilisation antalgique (quelques jours)
    • Rééducation prolongée et quotidienne, mouvements passifs pendulaires, actifs-aidés puis actifs
    • Surveillance ++
  • Traitement orthopédique :
    • Réduction par manœuvres externes ± sous AG
    • Immobilisation coude au corps 3-6 semaines
    • Rééducation
    • Surveillance
    • Indications : fractures peu déplacées, stables, d'autant plus que sujet âgé
  • Traitement chirurgical :
    • Réduction externe sous AG
    • Contention du foyer de fracture par ostéosynthèse à foyer fermé (Neer II +++) ou ouvert (Neer III et IV)
    • Voire arthroplastie (Neer IV)
    • Immobilisation coude au corps
    • Rééducation

Pathologie de la coiffe des rotateurs

Diagnostic

  • Douleur : partie antérieure du moignon de l'épaule, irradiant vers le coude, à recrudescence nocturne
  • Evaluation des mobilités : limitation de la mobilité active avec mobilité passive normale
  • Testing des muscles de la coiffe :
    • Test de Neer : bras en rotation médiale, élévation antéro-latérale du bras → douleur par conflit antéro-supérieur
    • Test de Yocum : main du bras examiné sur l'épaule opposée, élévation active du coude → douleur par conflit antéro-médial
    • Signe de Jobe :
      • Testing du supra-épineux
      • 2 bras à 90° d'élévation latérale et 30° d'élévation antérieure, coudes étendus, pouces vers le sols
      • Examinateur abaisse les bras contre résistance
      • Douleur pure = tendinite, douleur + impotence = rupture
    • Signe de Patte :
      • Testing des rotateurs latéraux : infra-épineux et petit rond
      • 2 bras à 90° d'élévation latérale et 30° d'élévation antérieure, coudes fléchis, paumes vers le sol
      • Examinateur s'oppose à la bascule de la main vers le haut et l'arrière
      • Douleur = tendinite du long biceps
      • Impotence = amyotrophie des rotateurs latéraux
      • Chute du bras = rupture de l'infra-épineux
    • Lift off test de Gerber :
      • Testing du subscapulaire
      • Bras en rétropulsion, rotation interne, coude fléchi, avant-bras horizontal derrière le dos
      • Incapacité à décoller la main du dos signe la rupture
    • Palm up test :
      • Testing du chef long du biceps brachial
      • Bras à 90° d'élévation antérieure, coude étendu, paume vers le haut
      • Examinateur tente d'abaisser le membre supérieur contre résistance
      • Douleur = tendinite, ressaut douloureux = instabilité
    • Signe de "Popeye" si tendon du CLBB rompu
  • Confirmation :
    • Bilan radiologique standard en 1ère intention : face en rotation neutre, rotation médiale et rotation latérale + profil de Lamy
    • Echographie
    • IRM
    • Arthroscanner
    • Arthro-IRM

Prise en charge

  • Traitement médical :
    • AINS, antalgiques
    • Repos + physiothérapie
    • Si échec : infiltration intra-articulaire et sous-acromiale de corticoïdes
  • Rééducation indispensable :
    • Lutte contre la douleur
    • Entretien et gain des amplitudes articulaires
    • Techniques spécifiques : recentrage dynamique de la tête humérale, renforcement des muscles abaisseurs
    • Renforcement musculaire progressif
  • Traitement chirurgical :
    • Tendinopathie non rompue : acromioplastie en cas d'échec franc du traitement médical bien mené
    • Rupture de coiffe :
      • Traitement médical en première intention
      • Traitement chirurgical discuté si absence d'amélioration après 6 mois
      • Sous arthroscopie +++ : réparateur (réinsertions tendineuses, lambeaux) ou palliatif antalgique (ablation de la bourse sous-acromiale, ténotomie du long biceps)

Lésions ligamentaires

Disjonction acromioclaviculaire

Physiopathologie

  • Mécanisme indirect par chute sur le moignon de l'épaule
  • Séquence lésionnelle selon le traumatisme :
    • Rupture de l'appareil capsulo-ligamentaire acromio-claviculaire
    • Rupture des ligaments coraco-claviculaires
    • Rupture de la chape delto-trapézienne
  • Classification :
    • Stade I : entorse bénigne avec distension de l'appareil capsulo-ligamentaire, ligaments coraco-claviculaires intacts
    • Stade II : entorse grave avec subluxation acromio-claviculaire, rupture de l'appareil capsulo-ligamentaire, ligaments coraco-claviculaires intacts
    • Stade III : luxation acromio-claviculaire, rupture des ligaments coraco-claviculaires
    • Stade IV : luxation acromio-claviculaire avec rupture de la chape musculaire delto-trapézienne

Diagnostic

  • Clinique :
    • Anamnèse :
      • Mécanisme : traumatisme indirect par chute sur le moignon de l'épaule
      • ATCD, terrain
    • Examen physique :
      • Bilatéral et comparatif, patient dévêtu
      • Œdème et ecchymose en regard
      • Palpation de l'interligne articulaire douloureuse
      • Recherche d'une mobilité anormale en touche de piano (rupture de l'appareil capsulo-ligamentaire)
      • Recherche d'une mobilité anormale en tiroir antéro-postérieur (rupture des ligaments coraco-claviculaires)
  • Radiographies :
    • Clichés standards : épaule de face + profil de la scapula de Lamy
    • Clichés dynamiques : cliché de Henet (incidence de la sieste, test de réductibilité d'une subluxation) et cliché dynamique en charge (recherche luxation)

Prise en charge

  • Traitement orthopédique :
    • Immobilisation écharpe coude au corps
    • Durée : 3 semaines
    • Rééducation : mouvements passifs pendulaires puis actifs isométriques
    • Indications : stade I et II
  • Traitement chirurgical :
    • Ligamentorraphie protégée par un embrochage acromio-claviculaire
    • Immobilisation coude au corps 3 semaines
    • Indications : stade III et IV

Luxation gléno-humérale

Physiopathologie

  • Perte de contact entre la cavité glénoïdale de la scapula et la tête de l'humérus
  • Terrain : adulte jeune sportif
  • Mécanisme :
    • Traumatisme indirect par chute sur la paume de la main ou le coude, membre en abduction/rotation externe/rétropulsion
    • Traumatisme direct exceptionnel par choc postéro-externe sur l'épaule
  • Classification selon projection de la tête humérale :
    • Extra-coracoïdienne = subluxation intracapsulaire
    • Sous-coracoïdienne +++
    • Intra-coracoïdienne
    • Rarement sous-claviculaire ou thoracique
  • Lésions :
    • Du labrum glénoïdal au niveau antéro-inférieur
    • Capsulo-ligamentaires : lésion des ligaments gléno-huméraux antérieurs, décollement capsulo-périosté antérieur
    • Osseuses : encoche de Malgaigne, éculement du bord antéro-inférieur de la glène
    • Musculaires : distension ou rupture du subscapulaire

Diagnostic

  • Clinique :
    • Anamnèse :
      • Mécanisme lésionnel évocateur, craquement contemporain
      • Douleurs vives de l'épaule
      • Impotence fonctionnelle totale
    • Examen physique :
      • Attitude des traumatisés du membre supérieur
      • Attitude vicieuse du bas en abduction-rotation externe
      • Saillie de l'acromion = signe de l'épaulette
      • Coup de hache externe
      • Comblement du sillon delto-pectoral
      • Elargissement antéro-postérieur de l'épaule
      • Signe de Berger : irréductibilité de l'abduction-rotation externe
      • Vacuité de la glène et vide sous-acromial postérieur
      • Douleurs à la palpation du sillon delto-pectoral
      • Tête humérale palpable sous le processus coracoïde
      • Eliminer une fracture associée du col chirurgical : mobilité de la tête humérale lors des mouvements de rotation externe imprimés au coude
    • Recherche de lésions associées :
      • Osseuses : éculement du bord antéro-inférieur de la glène, encoche de Malgaigne, fracture du trochiter, FESH
      • Neurologiques : nerf circonflexe +++, informer le patient des lésions avant la réduction ; plexus brachial
      • Vasculaires : palpation des pouls périphériques
      • Musculo-tendineuses : rupture de la coiffe des rotateurs +++ à évoquer systématiquement si > 45 ans
  • Radiographies :
    • Face stricte + profil de Lamy
    • Diagnostic positif :
      • Face : vacuité de la glène, disparition de l'interligne articulaire, diaphyse humérale en abduction
      • Profil : projection de la tête humérale en avant de la glène
    • Recherche de lésions associées
  • Présentation clinique particulière = luxation ancienne :
    • Sujet âgé grabataire, polytraumatisé
    • Luxation > 3 semaines
    • Réduction par manœuvre externe impossible

Pronostic

  • Délai de consolidation : environ 3 semaines
  • Complications :
    • Court terme :
      • Osseuses +++ : eculement du bord antéro-inférieur, encoche de Malgaigne, fracture du trochiter
      • Neurologiques ++ : nerf circonflexe
      • Vasculaires
      • Musculo-tendineuses : coiffe des rotateurs
    • Moyen et long terme :
      • Instabilité antérieure :
        • Minime : épaule douloureuse instable, épisodes de ressauts douloureux sans luxation vraie
        • Majeure : récidive de luxations pour des traumatismes de plus en plus minimes, laxité en tiroir antéro-postérieur et appréhension au test du lanceur
      • Raideur d'épaule : prévention par rééducation +++

Prise en charge

  • Traitement orthopédique :
    • Après élimination d'une fracture associée par radiographies
    • Réduction douce par manœuvres externes, sous sédation simple ou sous AG si grand gabarit ou douloureux +++
    • Examen neuro-vasculaire et radiographies de contrôle post-réduction systématiques
    • Immobilisation coude au corps 3 semaines
  • Traitement chirurgical :
    • Réduction à ciel ouvert et traitement des lésions associées
    • Indiqué en cas de luxation gléno-humérale irréductible ou de fracture associée
  • Mesures associées :
    • Analgésie
    • Arrêt de travail
    • Prévenir le patient du risque de récidive
    • Rééducation : lutte contre l'enraidissement, dès ablation de l'immobilisation, quotidienne passive puis active
  • Surveillance :
    • Clinique : douleurs, pouls périphériques, examen neurologique bilatéral comparatif, recherche d'une instabilité antérieure à distance
    • Contrôle radiologique : post réduction et à J21

Cas particulier des luxations postérieures

  • Rares, souvent contexte de crise d'épilepsie, d'électrocution ou d'AVP violent avec choc direct antérieur
  • Le plus souvent, sub-luxation postérieure (luxation postéro-interne rare)
  • Diagnostic :
    • Contexte évocateur
    • Attitude vicieuse : rétropulsion, adduction, rotation interne
    • Disparition du vide sous-acromial postérieur
    • Attitude irréductible en rotation interne
    • Radiographies : incidence de profil de la scapula +++
    • TDM d'épaule à discuter pour rechercher un enfoncement antéro-interne de la tête humérale (encoche de Mac Laughlin)
  • Traitement :
    • Réduction en urgence, sous AG, externe, douce
    • Immobilisation coude au corps 3 semaines
    • TDM répétée secondairement en cas d'encoche de Mac Laughlin pour discuter une indication chirurgicale

Genou

Lésions ligamentaires

Physiopathologie

  • Terrain : adultes jeunes, sexe masculin, sports pivots (ski, football, sports de combat)
  • Pivot central :
    • Ligament croisé antérieur (LCA) : frein à la translation tibiale antérieure sur genou en extension
    • Ligament croisé postérieur (LCP) : frein à la translation tibiale postérieure sur genou en flexion
  • Plans capsulo-ligamentaires :
    • Médial :
      • Ligament collatéral médial
      • Point d'angle postéro-interne (PAPI) : zone de renforcement postéro-médiale, frein au recurvatum et à la rotation externe
    • Latéral :
      • Ligament collatéral latéral
      • Point d'angle postéro-externe (PAPE) : zone de renforcement postéro-latérale, frein au recurvatum et à la rotation interne
  • Lésion du pivot central = entorse grave du genou
  • Mécanismes lésionnels :
    • Ligament collatéral médial : traumatisme en valgus, genou à 30° de flexion
    • Ligament collatéral latéral : traumatisme en varus, genou à 30° de flexion
    • Lésion isolée du LCA :
      • Traumatisme appuyé : contraction du quadriceps + rotation interne de jambe
      • Traumatisme non-appuyé : hyper-extension active du genou par contraction brutale du quadriceps
    • Lésion complexe du LCA :
      • Torsion en valgus/flexion/rotation externe : séquence selon énergie = PAPI+LLI → PAPI+LLI+LCA → PAPI+LLI+LCA+LCP+coques condyliennes → luxation latérale du genou
      • Torsion en varus/flexion/rotation interne : séquence selon énergique = LCA → LCA+LLE+PAPE → LCA+LLE+PAPE+LCP+coques condyliennes → luxation médiale du genou
    • Lésion isolée du LCP : choc direct antéro-postérieur sur le genou fléchi à 90° = syndrome du tableau de bord ++
    • Lésion complexe LCP :
      • Mécanisme : choc direct antéro-postérieur de haute énergie, hyperextension passive appuyée (recurvatum)
      • Séquence lésionnelle : LCP → coques condyliennes postérieures → triade postéro-externe → pentade → luxation postérieure
    • Luxation du genou :
      • Traumatisme violent +++ (AVP)
      • Le plus souvent postérieure
      • Risque de lésion de l'artère poplitée et du nerf fibulaire commun

Diagnostic

Clinique

  • Anamnèse :
    • Mécanisme : sport pivot, traumatisme avec déboîtement du genou
    • Arguments pour entorse grave :
      • Craquement audible contemporain
      • Notion de déboîtement lors du traumatisme, avec chute
      • Impotence fonctionnelle totale, immédiate et persistante
    • Douleurs reflètent mal la gravité
    • Terrain : profession, loisirs, niveau sportif
    • ATCD traumatiques du genou, prise de médicaments, pathologies associées
  • Examen physique :
    • Flessum antalgique
    • Recherche d'un épanchement articulaire
    • Avalement de la tubérosité tibiale antérieure évocateur d'une rupture du LCP
    • Ecchymose en regard des insertions ligamentaires
    • Palpation de l'insertion des ligaments
    • Mobilités articulaires : si limitées, recherche une hémarthrose abondante, une lésion méniscale ou un corps étranger (fragment osseux)
  • Recherche de signes de gravité :
    • Choc rotulien = hémarthrose précoce → suspicion rupture du pivot central, luxation de la rotule ou désinsertion méniscale
    • Recherche de mouvements anormaux après avoir éliminé une fracture :
      • Laxité frontale en valgus = lésion LCM ± PAPI et LCP si présente en extension
      • Laxité frontale en varus = lésion du LCL ± PAPE et LCP si présente en extension
      • Laxité en recurvatum = rupture des coques condyliennes
      • Tiroir antérieur à 10° de flexion = Lachman → rupture LCA si arrêt mou
      • Tiroir postérieur à 60° de flexion → rupture du LCP
    • Jerk test = recherche d'un ressaut rotatoire après valgus/flexion/rotation interne = pathognomonique d'une rupture du LCA
  • Recherche de lésions associées :
    • Méniscales : palpation de l'interligne articulaire à la recherche de douleur aux points méniscaux
    • Osseuses : hanche, rotule, plateaux tibiaux
    • Cutanées
    • Vasculaires : palpation systématique des pouls périphériques avant et après réduction, risque élevé d'amputation si lésion de l'artère poplitée

Paraclinique

  • Radiographies standard :
    • Genou face + profil
    • Peuvent être normales
    • Diagnostic positif par signes indirects : translation tibiale antérieure (profil), arrachement des insertions osseuses ligamentaires
    • Bilan des lésions associées : corps étrangers, fracture des plateaux tibiaux
  • IRM du genou :
    • Différée (≥ 1 mois)
    • Coupes frontales et axiales, T1, T2, FLAIR
    • Diagnostic positif : hypoT1 hyperT2 au niveau des ligaments
    • Recherche de lésions associées : ménisques +++, contusion osseuse
  • Artériographie :
    • Systématique si luxation du genou
    • En urgence, sur table au bloc

Pronostic

  • Délai de cicatrisation ligamentaire : 6 semaines
  • En cas de rupture du LCA non traitée, 80% des patients ne sont pas gênés dans la vie quotidienne mais seulement 20% reprennent une activité sportive
  • Complications :
    • Court terme :
      • Vasculaires
      • Osseuses
      • Méniscales
      • Nerveuses
      • Cutanées
    • Moyen terme :
      • Amyotrophie quadricipitale
      • Douleurs résiduelles
      • Raideur du genou
      • Algodystrophie
    • Long terme :
      • Laxité ligamentaire chronique +++ : antérieure + instabilité (déboîtements ressentis par le patient)
      • Syndrome méniscal secondaire
      • Arthrose fémoro-tibiale accélérée

Prise en charge

Traitement fonctionnel

  • Immobilisation : attelle amovible, appui autorisé dès sédation de la douleur
  • Rééducation précoce :
    • Antalgique
    • Récupération des amplitudes articulaires
    • Rééducation proprioceptive
    • Renfort musculaire
  • Evacuation éventuelle d'une hémarthrose à la phase aiguë
  • Indications :
    • Lésion du LCA chez un sujet > 40 ans, asymptomatique, non motivé pour la chirurgie
    • Lésion isolée du LCP

Traitement orthopédique

  • Immobilisation :
    • Attelle plâtrée postérieure ou amovible
    • Durée fonction du bilan lésionnel
    • Appui autorisé si entorse bénigne
  • Rééducation précoce :
    • Maintien du tonus quadricipital pendant l'immobilisation
    • Récupération des amplitudes articulaires
  • Indications :
    • Entorse du plan ligamentaire périphérique bénigne (3 semaines) ou grave (6 semaines)
    • Luxation du genou réduite au bloc en attendant une stabilisation chirurgicale

Traitement chirurgical

  • A distance après rééducation
  • Plastie de substitution :
    • Sous arthroscopie
    • Substitution par tendon rotulien ou tendons droit interne et semi-tendineux
  • Indications :
    • Lésion du LCA : sujet jeune, sportif, symptomatique, motivé
    • Entorse grave du genoux avec lésions périphériques étendues
    • Luxation du genou

Lésions méniscales

Physiopathologie

  • Origine traumatique :
    • Adulte jeune, sexe masculin
    • Contexte sportif +++ ou professionnel
    • Souvent associée et favorisée par une lésion du LCA
  • Origine dégénérative :
    • Adulte d'âge mûr, sexe masculin
    • Pas de traumatisme retrouvé mais contexte de surmenage articulaire
    • = Stade pré-arthrosique
  • Origine malformative : ménisque externe ++
  • Mécanismes :
    • Rotation externe du tibia :
      • Traumatisme indirect
      • Pied fixé au sol, appui monopodal
      • Cisaillement vertical par compression et rotation axiale
      • Entraîne une fente longitudinale à point de départ postérieur pouvant créer une anse de seau
    • Hyperflexion prolongée suivie d'une hyperextension brutale en appui monopodal
    • Microtraumatismes sur ménisque dégénératif
  • Classification de Trillat pour les lésions traumatiques :
    • Stade I : fente verticale postérieure en arrière du LLI
    • Stade II : bandelette en anse de seau pouvant se rompre transversalement
    • Stade III : luxation permanente de l'anse de seau dans l'échancrure intercondylienne

Diagnostic

Clinique

  • Anamnèse :
    • Mécanisme lésionnel évocateur
    • Signes cardinaux de Trillat :
      • Douleur en regard de l'interligne articulaire
      • Blocages aigus empêchant l'extension complète pouvant se réduire spontanément en quelques minutes à jours après ressaut douloureux
      • Hydarthrose récidivante
      • Sensation d'instabilité due à la présence d'une anse de seau mobile (sensation de dérobement)
  • Examen physique :
    • Peut être normal
    • Recherche d'un trouble de la statique : genu varum, genu valgum
    • Etude de la marche
    • Recherche de signes de souffrance articulaire prolongée : amyotrophie du quadriceps +++
    • Epanchement articulaire
    • Douleur provoquée à la palpation de l'interligne articulaire
    • Recherche d'un blocage aigu
    • Manœuvre de Mac Murray : ressaut méniscal audible lors de l'extension progressive sur genou en flexion/valgus/rotation externe
    • Grinding test : en décubitus ventral genou fléchi, douleur à la compression axiale avec mouvements de rotation
    • Etude des mobilités actives/passives
  • Recherche de lésions associées :
    • Appareil ligamentaire : laxité ligamentaire ++
    • Rotule : recherche d'arthrose fémoro-patellaire
    • Douleur osseuse exquise évocatrice de fracture

Paraclinique

  • Radiographies standards :
    • Genoux F + P en charge, incidence fémoro-patellaire à 30° de flexion
    • Inutiles au diagnostic positif
    • Objectif = recherche de lésions osseuses associées
  • IRM des genoux :
    • Coupes frontales et sagittales, séquences T1, T2, FLAIR
    • Diagnostic positif : hypersignal T1 ± étendu
    • Bilan des lésions associées : ligamentaires (LCA +++), ostéochondrales (fractures), contusion osseuse
  • ArthroTDM : alternative à l'IRM, plus disponible, performances diagnostiques moindres
  • Arthroscopie : uniquement à visée thérapeutique

Pronostic

  • Possibilité de cicatrisation spontanée
  • Evolution favorable après méniscectomie mais risque d'arthrose précoce
  • Complications :
    • Sans traitement :
      • Traumatisme initial douloureux avec régression des symptômes
      • Intervalle libre
      • Récidive de crises douloureuses articulaires ± hydarthrose, déclenchées par des traumatismes de plus en plus minimes
    • Après traitement :
      • Instabilité réflexe persistante
      • Hydarthrose récidivante
      • Douleurs résiduelles
      • Algodystrophie
      • Arthrose fémoro-patellaire

Prise en charge

  • Traitement fonctionnel :
    • Décharge antalgique ± attelle amovible antalgique
    • Cannes anglaises
    • Cryothérapie
    • Analgésie
    • Eviction des sports pivots
    • Indications : gêne fonctionnelle minime, patient non motivé pour la chirurgie, lésion dégénérative sans épisodes de blocage
  • Traitement chirurgical :
    • Sous arthroscopie
    • Méniscectomie partielle avec résection de anse de seau ou suture méniscale
    • Traitement d'une lésion associée (LCA +++)
    • Immobilisation par attelle amovible 10 j avec appui au premier jour
    • Rééducation quadricipitale
    • Eviction des sports pivots
    • Indications : gêne fonctionnelle importante, épisode de blocage aigu, rupture associée du LCA

Lésions ligamentaires de la cheville

Physiopathologie

  • La plus fréquente des urgences traumatologiques
  • Adulte jeune ou d'âge moyen ++
  • 3 stades d'entorse :
    • Contusion
    • Distension = entorse bénigne
    • Rupture = entorse grave
  • Entorse du ligament collatéral latéral :
    • La plus fréquente
    • Mécanisme indirect en varus équin ou inversion
    • Multifactorielle
      • Déficit proprioceptif
      • Hyperlaxité ligamentaire
      • Insuffisance des muscles fibulaires
      • Troubles statiques de l'arrière-pied
    • Le plus souvent, lésion isolée du faisceau antérieur
  • Entorse du ligament collatéral médial rares, souvent associées à une fracture malléolaire latérale (= pseudo-fracture bimalléolaire)

Diagnostic

Clinique

  • Anamnèse :
    • Mécanismes : circonstances, traumatisme en varus équin
    • Notion de craquement
    • Heure précise de survenue
    • Impotence fonctionnelle totale, immédiate et persistante évocatrice d'une entorse grave
    • Douleurs vives, malléolaires latérales en 3 temps (intenses, sédation, réascension)
  • Examen physique :
    • Attitude anormale en varus équin, jambe pendante
    • Œdème de la face latérale de la cheville
    • Point douloureux exquis à la palpation des faisceaux du ligament collatéral latéral
    • Testing de la cheville controlatérale à la recherche d'une hyperlaxité ligamentaire constitutionnelle
    • Douleur à la mobilisation en varus équin
  • Recherche de signes de gravité :
    • Ecchymose immédiate
    • Hématome en oeuf de pigeon
    • Bâillement talo-crural latéral en équin dans le plan frontal
    • Tiroir antérieur dans le plan sagittal
  • Recherche de lésions associées :
    • Osseuse : fracture de la base du 5ème métatarsien
    • Ligamentaires : entorse sous-talienne (douleur à la palpation du sinus du tarse), entorse médio-tarsienne
    • Tendineuse : rupture du tendon d'Achille, luxation des tendons fibulaires

Paraclinique

  • Radiographie standard conventionnelle :
    • Indications = critères d'Ottawa :
      • Age > 55 ans
      • Douleur à la palpation du bord postérieure d'une des malléoles
      • Douleur à la palpation du naviculaire ou de la base du 5ème métatarsien
      • Incapacité à se mettre en appui immédiat ou à faire 4 pas
    • Incidence de face à 20° de rotation interne + profil
    • But : rechercher des lésions osseuses (fractures, arrachement ostéo-périosté)
  • Clichés dynamiques :
    • Bilatéraux et comparatifs
    • En tiroir antérieur et en varus équin forcé
    • Après avoir éliminé une fracture
    • A distance du traumatisme, à la recherche d'une instabilité chronique
    • Recherche d'une laxité : bâillement talo-crural latéral de face, tiroir antéro-postérieur de profil
  • ArthroTDM : recherche de lésions ostéochondrales associées complexes

Différentiel

  • Fracture : base du 5ème métatarsien, malléoles...
  • Entorse sous-talienne ou médio-tarsienne
  • Rupture du tendon d'Achille
  • Luxation des tendons fibulaires

Pronostic

  • Délai de cicatrisation : 6 semaines
  • Complications :
    • Court terme :
      • Osseuses
      • Ligamentaires
      • Tendineuses
    • Moyen-long terme :
      • Algodystrophie fréquente
      • Instabilité chronique de cheville : absence de cicatrisation ligamentaire → tendance à la récidive, laxité clinique de la cheville confirmée sur clichés dynamiques
      • Complications thrombo-emboliques
      • Douleurs résiduelles
      • Arthrose de cheville

Prise en charge

Traitement fonctionnel

  • Protocole RICE :
    • Rest : décharge partielle par béquilles
    • Ice : cryothérapie
    • Compression : contention semi-rigide par attelle pneumatique
    • Elevation : jambe surélevée
  • Rééducation précoce : drainage lymphatique, dérouillage articulaire, rééducation proprioceptive
  • Appui dès sédation de la douleur
  • Education du patient (proscrire les talons hauts, etc.)
  • Durée totale : 20 jours, moyennant réévaluation à J5
  • Indication :
    • Entorses bénignes +++
    • Entorses graves
  • Avantages :
    • Pas d'anticoagulation
    • Immobilisation courte
    • Rééducation précoce
  • Inconvénient : pas de traitement de l'instabilité chronique, risque élevé de récidive

Traitement orthopédique

  • Immobilisation :
    • Botte plâtrée à 90°, orteils libres
    • 6 semaines
  • Anticoagulation à dose préventive
  • Surveillance :
    • Clinique : tolérance, état cutané, complications sous plâtre
    • Paraclinique : clichés dynamiques si instabilité persistante, numération plaquettaire bihebdomadaire
  • Indication : entorses graves ++
  • Avantages :
    • Immobilisation stricte
    • Coût faible
    • Bons résultats
  • Inconvénients :
    • Nécessite une anticoagulation
    • Rééducation tardive
    • Troubles trophiques
    • Pas de traitement de l'instabilité chronique

Traitement chirurgical

  • Résection/réinsertion d'un fragment ostéochondral (phase aiguë)
  • Plastie ligamentaire en cas de laxité ligamentaire chronique
  • Rarement en urgence, sauf lésions associées graves ou laxité majeure chez le sportif de haut niveau
  • Sinon, traitement d'instabilité chronique de cheville confirmée par les clichés dynamiques après échec de la rééducation