215 : Rachialgie

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Objectifs

  • Diagnostiquer une rachialgie
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Cervicalgies

  • Correspondent la plupart du temps à une cervicarthrose

Tableaux cliniques

Syndrome cervical

  • Syndrome cervical aigu = torticolis : douleur, raideur, apparition brutale
  • Syndrome cervical chronique (plus fréquent) :
    • Douleurs de la nuque irradiant vers l'occiput, les épaules ou la région interscapulovertébrale
    • Horaire mécanique mais parfois recrudescence nocturne
    • Evolution par poussées successives sur fond douloureux permanent
  • A l'examen physique :
    • Point douloureux à la palpation de la colonne cervicale
    • Douleur/contracture modérée paravertébrale
    • Limitation modérée des mobilités cervicales
    • Craquements à la mobilisation
  • Radiographies :
    • Face, profil, 3/4 droit et gauche
    • Si ATCD traumatique : clichés dynamiques en flexion/extension de profil
    • Lésions observées : discarthrose, uncarthroses, arthrose interapophysaire postérieure
  • Bilan inflammatoire pour éliminer une autre cause

Névralgies cervicobrachiales

Myélopathie cervicarthrosique

Insuffisance vertébrobasillaire

  • Compression de l'artère vertébrale par les ostéophytes d'uncodiscarthrose
  • Forme chronique symptomatique :
    • Céphalées, douleurs frontales sus-orbitaires, sensations vertigineuses, troubles visuels modérés
    • Discordance entre la richesse fonctionnelle et la pauvreté objective
    • Existence réelle ?
  • Forme aiguë neurologique :
    • Rare
    • Souvent d'origine athéromateuse
    • Accidents transitoires ou constitués : syndrome vestibulaire, drop attacks, hémianopsie, syndrome alterne
  • Examens complémentaires :
    • Doppler pour confirmer la sténose
    • Angio-IRM pour le retentissement

Diagnostic différentiel

  • Devant toute cervicalgie, éliminer une cervicalgie symptomatique
  • Cause tumorale : métastase, myélome
  • Infection : spondylodiscite
  • Cause inflammatoire : spondylarthropathie, polyarthrite rhumatoïde
  • Cause neurologique : tumeur intrarachidienne/de fosse postérieure
  • Post-traumatique : fracture ou luxation de la charnière cervico-occipitale ++
  • Au moindre doute :
    • Bilan inflammatoire
    • Electrophorèse des protéines
    • TDM ou IRM du rachis

Traitement

  • Cervicalgies aiguës :
    • Repos
    • Antalgiques
    • AINS
    • Physiothérapie
  • Cervicalgies chroniques :
    • Antalgiques et AINS à la demande
    • Repos, massages
    • Rééducation proprioceptive de renforcement musculaire paravertébral
    • Adaptations posturales
    • Crénothérapie
  • Insuffisance vertébrobasillaire : chirurgie exceptionnellement indiquée

Dorsalgies

  • Souffrance du rachis thoracique ou viscérale

Diagnostic positif

Clinique

  • Interrogatoire :
    • Caractéristiques de la douleur : siège, rythme, facteurs déclenchant/calmants, date/mode de début, évolution
    • Rechercher une irradiation en ceinture, une amélioration à l'alimentation
    • Sensibilité aux AINS
    • Contexte psychologique
  • Examen physique :
    • Statique rachidienne
    • Souplesse rachidienne en flexion/extension
    • Points douloureux à la palpation médiane ou paravertébrale
    • Examen général : pleuropulmonaire, cardiovasculaire, digestif, hépatique
    • Examen neurologique minutieux

Paraclinique

  • Radiographies systématiques
  • Recherche de syndrome inflammatoire biologique
  • Selon orientation : RXT, scintigraphie, TDM, IRM, FOGD...

Diagnostic étiologique

Eliminer une dorsalgie symptomatique

  • Systématiquement évoquée, surtout en contexte aigu
  • Pathologies non-rachidiennes :
    • Cardiovasculaire : insuffisance coronarienne, péricardite, anévrisme de l'aorte thoracique
    • Pleuropulmonaire : CBP, pleurésie, tumeur médiastinale
    • Digestive : UGD, affection hépatobiliaire, oesophagite, pancréatite, cancer
  • Pathologie rachidienne sous-jacente :
    • Spondylodiscite
    • Spondylarthropathie
    • Fracture ostéoporotique
    • Tumeur intrarachidienne : neurinome, épendymome...
    • Tumeur maligne : métastase, myélome
    • Tumeur bénigne
    • Maladie de Paget
  • Hernie discale dorsale exceptionnelle

Dorsalgies statiques ou fonctionnelles

  • Statiques :
    • Troubles statiques souvent indolores +++ → difficile d'y rattacher les symptômes
    • Causes : cyphoscoliose, dystrophie de croissance
    • Possibilité de douleur par lésions dégénératives dans la concavité des courbures
    • Vérifier la présence de signes rassurants : rythme mécanique, siège en regard des lésions radiologiques, évolution par poussées rythmées par l'activité physique
  • Fonctionnelles :
    • Elimination
    • Souffrance musculaire et facteur psychologique
    • Femmes jeunes, activités contraignantes (couturière, secrétaire)

Traitement

  • De la cause
  • Dorsalgies fonctionnelles :
    • Evolution longue, douleurs rebelles finissant par disparaître spontanément
    • Prise en charge psychologique
    • Rééducation sédative et renforcement des muscles paravertébraux
    • Ergonomie au travail
    • Antalgiques lors des poussées douloureuses

Lombalgies

Démarche diagnostique

  • Interrogatoire : 5 questions :
    • Siège de la douleur, avec irradiations
    • Rythme mécanique ou inflammatoire
    • Influence des sollicitations mécaniques rachidiennes (toux et défécation ++)
    • Chronologie : mode de début, évolution → aiguës/chroniques, aggravation progressive, résistante au traitement
    • ATCD lombalgiques : épisodes douloureux banals rassurants +++
  • Examen physique :
    • Recherche d'un trouble de la statique rachidienne, plans sagittal et frontal
    • Etude des mobilités du rachis
    • Recherche d'une contracture musculaire paravertébrale ou de points douloureux rachidiens
    • Recherche de signes de souffrance radiculaire
    • Recherche de syndrome cellulo-téno-myalgique ou de signes de souffrance des articulations sacro-iliaques
    • Examen général
  • Imagerie :
    • Justifiées uniquement en cas de signes d'orientation
    • Radiographies simples avant tout : statique rachidienne, dégénérescence discale, anomalies congénitales ou acquises, causes de lombalgies symptomatiques
    • En 2ème intention : IRM, TDM, scintigraphie osseuse

Lombalgies communes

  • Fréquentes (> 60% de la population)
  • Facteurs favorisants :
    • Efforts répétés
    • ATCD de traumatisme
    • Vibrations
    • Tabagisme, alcoolisme
    • Bas niveau social et d'éducation, instabilité familiale et professionnelle
    • ATCD de maladies psychosomatiques
    • Insatisfaction au travail +++

Lumbago

  • Douleur lombaire basse survenant de façon brutale à l'occasion d'un effort, avec sensation de blocage et impotence fonctionnelle
  • Cliniquement :
    • Attitude antalgique
    • Limitation des mobilités importante prédominant dans 1 ou 2 secteurs
    • Paroxysmes douloureux déclenchés par la toux et la défécation
    • Recherche de signes neurologiques déficitaires des membres inférieurs et du périnée
  • Examens complémentaires :
    • Pas d'imagerie devant une lombalgie < 7 semaines d'évolution sauf suspicion de lombalgie symptomatique[1]
    • Si suspicion de facture vertébrale : radiographies standard
    • Si suspicion de pathologie tumorale ou infectieuse : radiographies, bilan inflammatoire, hémogramme
  • Traitement :
    • Médical
    • Pas d'indication au repos → le plus bref possible
    • Traitement médicamenteux : antalgiques, AINS, myorelaxants
    • Manipulations vertébrales imposent des clichés radiographiques préalables
    • Persistance anormale d'une incapacité fonctionnelle marquée peut justifier la confection d'une orthèse lombaire
    • Port d'une ceinture de soutien lombaire pour les efforts en cas de forme récidivante

Lombalgies communes chroniques

  • Douleurs lombaires invalidantes > 3 mois (rare)
  • Cliniquement :
    • Douleur lombaire basse de rythme mécanique entravant peu les activités
    • Irradiation dans les fesses ou la partie postérieure des cuisses sans topographie radiculaire
    • Limitation modérée des mobilités
    • Points douloureux électifs à la palpation
    • Absence de signe neurologique
  • Examens complémenaires :
    • 1ère intention : radiographies standard du rachis lombaire (F, P, 3/4) → lésions arthrosiques +++, pas d'arguments pour une lombalgie symptomatique
    • IRM exceptionnelle pour éliminer une lombalgie non-commune, précédée de radiographies
    • Cas particulier : suites d'une intervention sur le rachis → IRM pour éliminer une spondylodiscite
  • Evolution souvent favorable sans invalidité marquée → en informer les patients
  • Traitement :
    • Médical et symptomatique
    • Antalgiques, AINS et myorelaxants pour les poussées subaiguës
    • Infiltration péridurale de dérivés corticoïdes lors des poussées
    • Jamais de corticothérapie générale
    • Techniques physiques de relaxation, psychothérapie
    • Manipulations vertébrales possibles
    • Ceinture de soutien lombaire
    • Crénothérapie
    • Importance de la rééducation : gymnastique de renforcement des muscles, étirements, correction des troubles statiques
    • Indications chirurgicales exceptionnelles

Lombalgies d'origine articulaire postérieure

  • Syndrome trophostatique post-ménopausique :
    • Terrain : femme, excès pondéral
    • Hypercyphose dorsale et hyperlordose lombaire par relâchement musculoligamentaire → ↑ contraintes du rachis postérieur → arthrose interaphophysaire postérieure
    • Douleurs lombaires basses irradiant vers les fesses, les cuisses, parfois les jambes
    • Evolution chronique, apparition progressive
    • Majoration en décubitus dorsal (↑ lordose lombaire)
    • Examen physique pauvre, syndrome cellulo-myalgique (manœuvre du pincé-roulé)
  • Examens complémentaires :
    • Radiographies de rachis F+P : lésions d'arthrose interapophysaire postérieure
    • Pseudo-spondylolisthésis par usure des articulations interapophysaires postérieures
  • Traitement :
    • Médical symptomatique : vide supra
    • Possibilité d'infiltrations articulaires postérieures de dérivés corticoïdes
    • Traitement physique +++ : lutte contre l'excès pondéral, musculation du tronc, adaptation posturale, manipulations vertébrales, ceintures de soutien lombaire
    • Indications chirurgicales exceptionnelles

Lombalgies symptomatiques

Diagnostic

  • Clinique :
    • Début progressif, insidieux, sans facteur déclenchant
    • Topographie atypique (lombaire haut ++)
    • Rythme inflammatoire
    • Douleurs intenses, tenaces, d'aggravation progressive
    • Absence d'ATCD de lombalgies
    • Raideur globale et intense du rachis
    • Examen général +++ (AEG, fièvre, lésions cutanées)
  • Examens complémentaires systématiques dont radiographies

Lombalgies secondaires de cause rachidienne

  • Cause tumorale maligne :
    • Myélome et métastase +++
    • Radiographies : fracture vertébrale, ostéolyse (vertèbre borgne ++), déminéralisation diffuse, ostéocondensation
    • IRM ou TDM : préciser les lésions, leur topographie, rapport avec les tissus mous
  • Causes tumorales bénignes :
    • Ostéome ostéoïde : douleurs intenses de rythme inflammatoire, crises de quelques heures soulagées par les AINS, ostéocondensation intense localisée avec nidus ; traitement = exérèse chirurgicale
    • Neurinome, méningiome
    • Angiome vertébral
  • Infection : spondylodiscite
  • Spondylarthropathie
  • Ostéopathie déminéralisante :
    • Ostéoporose, ostéomalacie, ostéopathies fragilisantes autres
    • Le plus souvent, douleurs liées aux fractures vertébrales ++
    • Parfois, lombalgies liées à une fracture du sacrum : sujet âgé, traumatisme minime, impotence fonctionnelle majeure, pas toujours visible en RX → scintigraphie ou TDM ++

Lombalgies extrarachidiennes

  • Caractéristique principale : absence d'anomalie à l'examen du rachis
  • Anévrisme de l'aorte abdominale :
    • Lombalgies aiguës = fissuration, avec collapsus cardiovasculaire
    • Lombalgies chroniques = fissurations répétées spontanément colmatées, rythme inflammatoire, paroxystique, irradiant dans l'abdomen
    • Diagnostic par échographie ou TDM
  • Pathologie urinaire :
    • Lombalgies hautes, latéralisées, irradiant dans le flanc et les OGE
    • Lithiase, hydronéphrose, tumeur rénale
    • → Echographie rénale ++
  • Autres :
    • Tumeurs digestives
    • Pancréatite chronique
    • Tumeurs pelviennes
    • ADP prérachidiennes
    • Fibrose rétropéritonéale

Sources

  1. Recommandations ANAES 2000 : Lombalgies de moins de 3 mois