206 : Hypoglycémie

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Objectifs

  • Diagnostiquer une hypoglycémie
  • Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge

Physiopathologie

  • Systèmes hormonaux glycorégulateurs :
    • Insuline : principale hormone hypoglycémiante, augmente après le repas et diminue pendant le jeûne
    • Facteurs de croissance apparentés à l'insuline (IGF1 et 2) : effet hypoglycémiant très faible
    • Glucagon : principale hormone de la contre-régulation
    • Autres : GH, catécholamines, cortisol, somatostatine
  • Glycémie normale :
    • A jeun : 0,6 à 0,9 g/L (3,3 à 5 mmol/L)
    • Post-prandiale : 1,2 à 1,3 gL (6,7 à 7,2 mmol/L)
  • Mécanismes :
    • Sécrétion inappropriée d'insuline +++
    • Défaut de sécrétion des hormones de la contre-régulation (GH ou cortisol ++)
    • Déficit de néoglucogenèse : insuffisance hépatique ou rénale sévère
    • Défaut de substrat : cachexie

Symptômes cliniques

  • Triade de Whipple :
    • Constatation simultanée d'une glycémie basse
    • Et de signes de neuroglucopénie
    • Correction des symptômes par la normalisation de la glycémie
  • Signes de neuroglucopénie (variables) :
    • Faim brutale
    • Troubles de concentration, fatigue, troubles de l'élocution, troubles du comportements voire symptômes psychiatriques
    • Troubles moteurs, hyperactivité, trouble de la coordination des mouvements, tremblements, hémiparésie, diplopie, PF
    • Troubles sensitifs, paresthésies
    • Troubles visuels
    • Convulsions focales/généralisées
    • Syndrome confusionnel
  • Coma hypoglycémique :
    • Profondeur variable
    • Début brutal
    • Souvent agité, sueurs profuses
    • Signes d'irritation pyramidale
    • Hypothermie
  • Signes de réaction adrénergique parfois associés :
    • Anxiété, tremblements
    • Nausées
    • Sueurs
    • Pâleur
    • Tachycardie et palpitations

Hypoglycémie chez le diabétique

  • Uniquement avec traitement hypoglycémiant :
    • Insuline
    • Sulfonylurées (gliclazide, glimépiride, etc.)
    • Répaglinide

Correction

  • Ingestion de sucre : 15 g (3 morceaux), soda, barre sucrée (patient conscient)
  • Patients inconscients :
    • Injection de glucagon 1 mg IM : Glucagen kit
    • Réalisable par la famille moyennant éducation
    • Contre-indiquée si patient sous sulfamides hypoglycémiants
    • A défaut, perfusion de 2 amp de G30

Diagnostic étiologique

  • Recherche systématique
  • Délai trop long entre injection d'insuline (ou prise de sulfamides) et ingestion de glucides (surtout si gastroparésie ++)
  • Dose d'insuline excessive par rapport à la quantité de glucides ingérée
  • Effort physique imprévu sans diminution préalable de dose d'insuline et sans collation
  • Diminution des besoins en insuline : guérison d'une infection, chirurgie, arrêt d'un traitement hyperglycémiant (corticoïdes++)
  • Cause souvent non retrouvée

Hypoglycémie en dehors du diabète

Diagnostic positif

  • Si possible, mesure de glycémie capillaire contemporaine des symptômes
  • A défaut, épreuve de jeûne :
    • Milieu spécialisé
    • Durée : 72h
    • Jeûne total : seules ingestions autorisées = eau et bouillons légers
    • Cathéter en place : prélèvements + perfusion de glucose si trouble de conscience
    • Laboratoire alerté pour rendre les résultats en quelques mlinutes
    • Arrêt de l'épreuve : symptômes de neuroglucopénie, après prélèvements
  • Eliminer un diagnostic différentiel évident :
    • Alcoolisme : alcoolisation aiguë massive à jeun
    • Insuffisance rénale ou hépatique sévère
    • Insuffisance surrénale ou corticotrope
    • Médicaments

Principales causes

  • Alcool
  • Médicaments :
    • Insuline et analogues
    • Sulfonylurées et répaglinide
    • Quinine et dérivés
    • Pentamidine injectable
    • Salicylés forte dose
    • Agonistes β2 IV arrêtés brutalement
  • Toxiques : mort au rat, fruits particuliers
  • Insuffisance hépatique sévère
  • Anomalies de la néoglucogenèses acquises : insuffisance rénale sévère, malnutrition sévère
  • Déficit en hormones de la contre-régulation :
    • Insuffisance surrénalienne ou corticotrope
    • Déficit en GH isolé
    • Insuffisance antéhypophysaire
  • Acidose lactique
  • Accès palustre
  • Tumeurs :
    • Insulinome (vide infra)
    • Sécrétion d'IGF2 par des tumeurs mésenchymateuses ou un CHC
    • Sécrétion d'anticorps anti-insuline (rare, myélome)
  • Hypersécrétion tumorale : nésidioblastose
  • Hypoglycémies auto-immunes avec AC anti-insuline

Insulinome

  • Première cause tumorale d'hypoglycémie
  • 5% dans des contextes de NEM1 : Néoplasie Endocrinienne Multiple de type 1
  • 10% tumeurs malignes, diagnostiquées sur métastases

Diagnostic

Clinique

  • Episodes d'hypoglycémie
  • Adultes jeunes bien portants
  • Signes de neuroglucopénie +++ souvent mal décrits → importance d'un interrogatoire précis ± orienté
  • Répétition des épisodes s'accompagne d'une prise de poids

Paraclinique

  • Epreuve de jeûne :
    • Hypoglycémie précoce (dans les 24 premières heures souvent)
    • Dosages concomitants : concentration non-nulle d'insuline et de peptide C
  • Diagnostic topographique :
    • Indispensable pour chirurgie, mais difficile car petite taille
    • Couple de référence : échoendoscopie par médecin expérimenté + TDM injectée en coupes fines du pancréas avec phase artérielle précoce
    • Autres, moins utilisés : IRM, scintigraphie à la somatostatine

Différentiel

  • Prise cachée d'insuline :
    • Patients proches du milieu médical ou d'un diabétique
    • ATCD psychiatriques
    • Parfois syndrome de Münchhausen par procuration
    • Epreuve de jeûne : hypoglycémie, insuline mesurable mais peptide C indétectable (et pro-insuline si dosée)
  • Prise cachée de sulfonylurées :
    • Même présentation
    • Epreuve de jeûne : même profil qu'un insulinome
    • Diagnostic fait par dosage des sulfonylurées
  • Nésidioblastose :
    • Altération de fonctionnement des cellules β
    • Hypoglycémies survenant plutôt après les repas qu'à jeun
    • Epreuve de jeûne peut être normale

Traitement

  • Traitement chirurgical : exérèse de la tumeur
  • En générale simple énucléation sous laparoscopie
  • Possibilité de traitement médical par diazoxide en attendant la chirurgie