119 : Maladie de Horton et Pseudo-polyarthrite rhizomélique

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Objectifs

  • Diagnostiquer une maladie de Horton et une pseudo-polyarthrite rhizomélique
  • Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Maladie de Horton

  • La plus fréquente des vascularites
  • Atteinte des artères de moyen et grand calibre (territoire carotide ++)
  • Femmes > 50 ans +++

Diagnostic

Clinique

  • Atteinte du système carotidien externe :
    • Céphalées par atteinte de l'artère temporale superficielle : douleurs intenses, datées au jour près, exacerbation lors du contact du cuir chevelu (signe du peigne)
    • Claudication de la mâchoire : crampes des muscles masséters à la mastication imposant une pause
    • Impression cartonnée de la face
    • Brûlures (voire nécrose) de l'extrémité de la langue
    • Ulcérations endobuccales
  • Atteinte du système carotidien interne :
    • Cécité brutale irréversible : NOIA dans 90% des cas, rarement OACR
    • Prodromes menaçants : phosphènes, vision double/floue, voile noir
    • AVC
  • Autres localisations artérielles :
    • Anévrisme de l'aorte thoracique
    • Sténose des artères sous-clavières et axillaires : sténoses longues, irrégulières, effilées, rarement coronarites
    • Aortite
  • Signes généraux : fébricule, AEG
  • Palpation des pouls temporaux : abolition uni-/bilatérale, induration, nodules
  • Recherche de souffle sur les trajets artériels supra-aortiques
  • Fond d’œil en cas de signes visuels : atrophie papillaire par NOIA
  • PPR associée dans 40% des cas

Paraclinique

  • Syndrome inflammatoire :
    • VS : 60 - 80 mm à 1h
    • CRP > 80 mg/L
  • Cholestase anictérique
  • Diagnostic anatomo-pathologique :
    • Biopsie d'artère temporale : ≥ 3 cm, examinée sur plusieurs plans de coupe
    • Artérite segmentaire et focale, cellules géantes multinucléées, infiltrat inflammatoire, limitante élastique interne rompue
    • Réalisable dans les 10 à 15 jours suivant la mise en place de la corticothérapie
  • Doppler des artères temporales : inflammation de la paroi, modifications du flux
  • Echocardiographie en cas de souffle aortique (ETT ± ETO) pour rechercher une dilatation de l'aorte ascendante

Différentiel

  • BAT positive : maladie de Wegener, polychondrite atrophiante, artérites herpétiques (rares)
  • En cas de nécrose fibrinoïde : périartérite noueuse, micropolyangéite
  • BAT négative :
    • Eliminer une sinusite ou une méningite
    • Corticosensibilité en faveur du diagnostic de MH
    • Autres pathologies : vascularites et maladies de système, néoplasie sous-jacente, infection chronique (EI, TB)

Critères diagnostiques

  • MH quasi-certaine si ≥ 3/5 critères :
  1. Age > 50 ans
  2. Céphalées d'apparition récente
  3. Anomalie clinique de l'artère temporale
  4. VS > 50 mm à la 1ère heure
  5. BAT anormale

Prise en charge

  • Principal risque : cécité brutale et définitive
  • Corticothérapie :
    • En urgence dès la suspicion du diagnostic (prévenir la cécité)
    • Prednisone : 0,7 à 1 mg/kg/j
    • Sédation des douleurs en 24-48h
    • Puis décroissance progressive jusqu'à dose minimale efficace
    • Poursuivie 18 à 24 mois, ne doit pas être arrêtée avant
  • Antalgiques inutiles (douleur disparaît sous corticoïdes)
  • Anti-agrégant plaquettaire associé
  • Mesures associées à la corticothérapie :
    • Régime hyposodé
    • Régime pauvre en sucres d'absorption rapide
    • Activité physique régulière pour prévenir l'amyotrophie
    • Photoprotection
    • Supplémentation vitamino-calcique ± biphosphonates
    • Supplémentation potassique
  • Surveillance :
    • Poids, taille, PA
    • VS, CRP, glycémie, kaliémie

Evolution

  • En cas de réapparition des signes : rechute → réaugmenter la corticothérapie
  • Complications propres :
    • Anévrisme de l'aorte thoracique : 10% des patients après 10 ans d'évolution
    • Rechercher une insuffisance aortique au cours du suivi
    • Suspicion de dissection devant toute douleur thoracique
    • IDM, AVC
  • Complications iatrogènes
  • Pièges diagnostiques au cours du suivi :
    • Douleur pelvienne + syndrome inflammatoire : éliminer une sigmoïdite aiguë avant de conclure à une rechute de PPR ; risque de perforation digestive sous corticoïdes
    • Douleur de hanche sans syndrome inflammatoire : rechercher une ostéonécrose de hanche cortico-induite, surtout si rythme mécanique (IRM de hanche +++, scintigraphie, RX)

Pseudo-polyarthrite rhizomélique

  • 40% des MH, parfois isolée

Diagnostic

Clinique

  • Douleurs de la ceinture scapulaire et/ou pelvienne
  • Horaire inflammatoire
  • Impotence fonctionnelle prédominant en abduction et en extension
  • Parfois, syndrome RS3PE : Remitting Seronegative Symetrical Synovitis with Pitting Edema (œdème inflammatoire des poignets et du dos de la main)
  • Absence de limitation mécanique des mobilités passives
  • Bursite non destructrice

Paraclinique

  • Syndrome inflammatoire : VS > 50 mm à 1h
  • Recherche de synovite gléno-humérale ou coxo-fémorale : échographie ou IRM

Différentiel

  • Polyarthrite rhumatoïde débutant par une atteinte des ceintures
  • Myosite, polymyosite
  • Micropolyangéite, PAN
  • Pathologie dégénérative : arthrose, NCB
  • Métastases osseuses des ceintures : sein, prostate ++
  • Arguments pour une PPR : corticosensibilité prolongée, pas de déformation articulaire, pas d'atteinte musculaire ou nerveuse

Prise en charge

  • Corticothérapie :
    • Dose initiale : 0,5 mg/kg/j
    • Décroissance progressive jusqu'à DME avec arrêt après 12 à 18 mois
  • Mesures associées à la corticothérapie :
    • Régime hyposodé
    • Régime pauvre en sucres d'absorption rapide
    • Activité physique régulière pour prévenir l'amyotrophie
    • Photoprotection
    • Supplémentation vitamino-calcique ± biphosphonates
    • Supplémentation potassique